ma tête tomba lentement vers l’avant, frapper le livre qui se trouvait sur ma table. le droit international et moi-même n’étions pas de très grands amis, pour tout dire. je relevai doucement la tête, frottant mes paupières devenues douloureuses suite à toute cette lecture, refermant le bouquin qui était maintenant devenu inutile. je fourrai mes effets personnels dans mes poches – portable, clés et porte-monnaie, prétextant ensuite une réunion d’équipe auprès de mon père pour trouver le moyen de m’échapper de la maison. il faut croire qu’il était naïf à croire tout ce que je lui disais. mon regard valsa longuement sur les personnes marchant dans la rue, aujourd’hui. à croire que je n’avais vu personne depuis des lustres. c’est en m’allumant une cigarette que je pris la direction de l’okiya. je n’y avais pas mis les pieds depuis une semaine, pour être franc. être en compagnie de l’une de ces geishas me ferait probablement du bien. cela me permettrait sûrement de penser à autre chose que les travaux qui m’attendaient chez moi. je m’inclinais lentement en passant la porte. on me traîna ensuite dans l’une des salles qui, au contraire, n’était pas si vide que je l’aurais pensé. je fronçai lentement les sourcils, posant mes mains contre mes hanches avant de m’agenouiller près de la table, fixant ce visage que je connaissais vaguement. « je ne savais pas que tu traînais dans ce genre d’endroit, Mason. » si je le jugeais? un peu. mais ça aurait été me juger en même temps. il avait l’air d’aller bien mieux que lors de notre dernière rencontre, c’est tout ce que je pouvais dire.

< tiens, quincy. > soufflai-je alors que mes yeux se posaient sur le nouvel arrivant après son intervention orale. si je m'étais attendu à le voir ici ? les okiyas étaient généralement de petite taille et il était rare de ne pas s'y croiser mais se retrouver au même moment au même endroit me surprenait un peu. quincy avait la tête et le comportement typique des clients d'un tel lieu. et même si il pouvait sans le moindre doute coucher avec des personnes sans avoir à payer, il était sûrement, et visiblement, du genre à opter pour la facilité. je pouvais sentir son regard pour le moins accusateur sur mon visage et, derechef, je pris l'initiative de me justifier. < je ne traîne pas. j'attends que samuel m'apporte des informations sur mon petit poulain, eden. > un faible sourire se dessina sur mes lèvres. < disons que je suis un fournisseur et toi un client. > je nous mettais dans deux paniers différents afin qu'il comprenne tout de suite que nous n'étions pas identiques - pas même comparables. me redressant légèrement, cette position assise commençant à me faire mal au dos, je repris. < flemme d'appeler un ancien coup d'un soir de peur d'avoir à le séduire à nouveau ? > je ne le connaissais que très peu. quincy m'avait ramené - traîné serait un terme plus juste - chez moi après l'épisode de l'arène avec mon frère. mon aîné ne m'avait pas méchamment esquinté mais suffisamment pour que je peine à retrouver mon chemin et que je devienne une possible proie facile pour tous les psychopathes de la ville basse.

cette ville était tout de même. j’étais franchement étonné de le retrouver dans un endroit comme celui-ci. je posai lentement mes mains contre mes cuisses en bougeant lentement sur le côté, faisant maintenant face au jeune homme. « tu es drôlement sur la défensive, je trouve. » je m’inclinai lentement, penchant la tête vers l’avant en signe de respect, la relevant ensuite pour poser mon regard sombre sur celui du jeune homme. j’haussai de nouveau un fin sourcil en entendant ses dires. certes, il me classifiait assez rapidement. et il avait visé juste, en effet. « à voir que tu connais très bien la clientèle de l’okiya. » et pourtant, il ne me connaissait pas vraiment. certes, je passais beaucoup de temps dans cet endroit. il ne m’était pourtant pas arrivé très souvent de passer un moment intime avec l’une des geishas. je passais bien plus de temps avec ceux-ci à prendre le thé et à les regarder performer plutôt que de passer directement sous la couette et foutre le camp dès que tout était terminé. je laissai soudainement mes jambes se déplier pour entrer sous la table. je n’avais franchement pas envie de maintenant une posture exemplaire, du moins pas jusqu’à ce que j’en aies vraiment de besoin. « qu’est-ce qui te dis que je suis venu ici pour les services de quelqu’un? c’est mal me connaître, Mason. »

< tu es drôlement sur la défensive, je trouve. > un tu trouves ? ironique me brûla les lèvres alors que je le voyais se pencher ; si j'étais sur la défensive ? oui et non. j'avais, avant tout, désiré mettre les choses au clair pour qu'il ne s'imagine pas que j'avais besoin de payer pour jouir. c'était ma fierté et il fallait que tout le monde le sache. je ne voulais surtout pas que l'on me compare à tous les hommes qui venaient ici par facilité ou parce qu'ils n'arrivaient pas à obtenir ce qu'ils voulaient sans y mettre le prix. baissant la tête à mon tour pour le saluer, n'en restant pas moins poli, je me demandais de quoi il allait bien pouvoir parler. < qu’est-ce qui te dit que je suis venu ici pour les services de quelqu’un? c’est mal me connaître, mason. > un sourire se logea sur mes lèvres alors que je m'étais à peine redressé. une geisha passa à ce moment-même derrière mon camarade et, amusé, je soufflai. < à vrai dire, on ne se connaît pas du tout. il me paraît juste évident que tu fréquentes cet okiya pour les prostituées qui s'y trouvent étant donné que tu n'es pas là pour surveiller tes affaires. >