Je poussais un fin soupir, las. J’écoutais à peine ce que mon père avait à dire, fou de rage, comme à l’habitude. Je posais mon regard sombre sur chacun de mes frères, prenant place bien droit, l’un près de l’autre, la tête baissée. À croire que j’étais le seul à se foutre complètement de la pathétique autorité du paternel. « Je me retire. Je vais me coucher, père. Je suis exténué. » Pris par surprise, il me regarda partir dans ma chambre d’un pas nonchalant, bouche bée. Je fermais les lumières et me glissais sous ma couette, attendant patiemment que l’heure fatidique arrive.

22 heures. Toute la maisonnée étant endormie – ou presque. Je savais que le plus jeune de mes frères passait son temps à jouer à la console jusqu’à des heures pas possible, mais ça ne m’importait pas. Je sautais hors de mon lit, ouvrant silencieusement la fenêtre de ma chambre pour sauter en dehors de celle-ci, la refermant sans la verrouiller. J’empruntais ensuite ces chemins que je connaissais un peu trop bien. Je les parcourais depuis ma tendre enfance. Je m’arrêtais un moment devant cette bâtisse que j’affectionnais particulièrement, remarquant que toutes les lumières étaient closent. Sauf une. Un sourire sournois vint étirer mon fin visage alors que je me frayais un chemin autour du bâtiment. Je poussais lentement la porte coulissante traditionnelle, sans bruit, arquant légèrement un sourcil en voyant le dos à moitié nu de ma victime. « Tu sais que tu devrais être plus vigilant? Avec un corps comme ça, tu risquerais de te faire passer dessus sans problème, tu sais. »

longue journée, très longue journée. il y avait d'abord eut les cours de danse traditionnelle très tôt le matin, et ensuite j'avais été convoqué à un énième repas avec mes grand-frères. pour finir la journée en beauté, j'avais dû rencontrer de possibles acheteurs, même si tout ça était bien inutile. j'avais déjà mon idée en tête, il suffisait simplement que je m'assure qu'il paie le gros prix. avec tout ça, je n'avais pu rentrer à ma chambre bien avant une quarantaine de minutes passé vingt-et-une heure, complètement exténué. ce soir, je ne tarderais pas. pas de visite chez hiro, pas de petite balade, j'étais suffisamment fatigué pour m'endormir de mon propre chef. m'approchant du miroir, je commençai donc à me dévêtir, lentement, observant les marques encore légèrement visibles sur mes épaules que je m'appliquais de maquiller tous les jours. bientôt, elles disparaitraient. du moins, je l'espérais. lorsque le kimono tomba à mes hanches, juste avant que je ne me décide à le dénouer, un bruit me fit sursauter. le bruit ne fut rien en comparaison de ce que la voix me fit, cependant, et si mon premier réflexe ne fut pas de couvrir mon corps, je me tournai vivement, les yeux très grands ouverts. « p-pardon ? qui êtes-vous ? que faites-vous ici ? » je savais qui il était, théoriquement. c'était un des clients réguliers de l'okiya, et il m'était arrivé à plusieurs reprises de voir sa jolie gueule dans les parages. mais qu'il se retrouve dans ma chambre, à une heure pareille et dans de telles conditions et surtout qu'il me parle de cette façon, ce n'était pas normal, ca. à court de mots, je fronçai les sourcils, le rouge montant à mes joues alors que je tentais de rattraper comme possible mon kimono, me couvrant au mieux le ventre. « j'imagine que c'est tant mieux, puisque mon corps est réservé à ces fins. ce n'est toutefois pas une raison pour que vous brisiez mon intimité, monsieur. » la politesse que je m'efforçais de traduire au travers de mes mots semblait se perdre avec le ton que j'employais pour lui parler. j'étais outré et embarrassé, par-dessus tout. qui ne l'aurait pas été ?

un fin sourire se logea de nouveau sur mon visage. certes, s'infiltrer ainsi dans un bâtiment public n'était certainement pas l'action la plus civilisée de ce monde, mais je m'en fichais bien. je refermais lentement la porte derrière moi, posant mon sac sur le sol sans le lâcher des yeux. je l'avais vu plusieurs fois à l'okiya sans jamais avoir eu l'audace de payer pour ses services. après tout, il semblait être occupé à toutes les fois où je venais faire un tour. c'était donc sans gêne que je laissais mon regard vaguer sur son torse découvert, jusqu'à ce qu’il remonte le kimono sur celui-ci. cette façon qu’il avait de rougir. ça le rendait encore plus attirant. je laissais ma langue glisser un moment contre mes lèvres avant de faire quelques pas en sa direction, posant mes longs doigts contre la ceinture du kimono, faisant sauter l’un des nœuds. « ne soit pas si prude, mon mignon. ça ne sert à rien de le remettre, je vais te demander de le retirer. as-tu besoin d’aide? » mon corps mouvait lentement, juste assez pour me glisser derrière le blond. je laissais mes doigts glisser contre le fin tissu, agrippant le pan de la tunique qui tombait sur la cuisse de la geisha. mon visage glissait légèrement près de l’épaule du propriétaire de la chambre, murmurant au creux de son oreille. « Mon petit nom est Quincy. Et je t’en prie, tu peux me tutoyer. Je ne suis pas ici pour passer du temps avec une Geisha, mais bien avec Sei Hwan. » Je relâchais l’accoutrement du plus jeune, du moins la partie qui tombait sur sa cuisse, sans pour autant me détacher de son corps. Si je voulais le mettre mal à l’aise? Inconsciemment, peut-être.

« quincy, hein... » ses derniers mots m'arrangeaient, au plus haut point. je perdais d'un coup mon statut de geisha et je devenais un banal humain pour ledit quincy qui venait de s'infiltrer dans ma chambre. j'étais certes honteux et la situation n'avait rien de glorieux pour moi, avouons-le - pris à moitié nu avec un individu dont les ardeurs étaient visiblement difficiles à calmer... pourquoi hiro n'était-il jamais là quand j'avais besoin de lui ? ah, vrai, je n'avais plus le droit de le voir. je mordillai ma lèvre inférieure, ne bougeant pas, le laissant faire et fermant les yeux, me laissant même aller aux quelques frissons qu'il causa lorsqu'il frôla mon épaule. puis je penchai la tête, la tournant légèrement vers le plus vieux. je pivotai lentement sur moi-même pour lui faire face, lui adressant un sourire aguicheur et posant ma main sur son épaule pour le faire reculer, lentement, jusqu'à ce que son dos se pose au mur le plus près. « je ne vais pas me gêner, dans ce cas, si tu me permets de ne pas être geisha. » j'approchai mon visage du sien, ma main se posant sur son torse et mes lèvres maintenant tout près de son oreille. « j'ai un prix, même pour les entreprenants dans ton genre. et c'est dommage, mais tant que ce prix n'a pas été payé, je ne suis rien d'autre que la geisha que tu n'as pas envie de rencontrer ce soir... » sur ces mots, je me reculai, haussant un sourcil et en profitant pour faire quelques pas vers l'arrière, réajustant le kimono sur mon corps. mais qu'est-ce qu'il pensait ? que j'étais facile à ce point, pour me laisser aller aux tentatives d'un homme que je n'avais même pas encore officiellement rencontré ?

son insolence me plaisait bien. j’avais l’impression qu’une nouvelle facette du jeune seihwan venait de se dévoiler lorsque j’avais prononcé ces quelques mots. ce n’était rien de bien important, mais ça avait fait toute la différence. je ne m’étais jamais demandé quel était l’entraînement d’une geisha. je savais toutefois que la politesse faisait partie de cet apprentissage. je me laissai docilement pousser vers l’arrière, fronçant les sourcils en sentant le mur mettre un terme à ma course. mon regard valsa un moment contre sa fine main posée contre mon torse, fronçant le bout de mon nez en entendant ses mots. l’argent. c’est tout ce que ces geishas voulaient, au final. c’est ce que j’avais compris, après les avoir fréquentés pendant si longtemps. « si c’est de l’argent que tu veux, donne-moi ton prix. » je replaçai lentement ma chemise, me décollant du mur après un moment pour revenir vers toi, ma main glissant lentement contre ta hanche. « je ne comptais pas rester longtemps à l’okiya, tu sais. mais si tu résistes encore un peu, je n’hésiterai pas à t’arracher de putain de kimono du corps pour te faire enfiler un pantalon et un haut normaux. alors grouille. » je laissai de nouveau mes doigts s’infiltrer sous la ceinture de ton kimono et, comme pour appuyer mes dires, tirai sur celle-ci pour la faire tomber au sol. j’avais un seuil de tolérance très haut, mais je pouvais perdre patience assez rapidement. et je devais dire que je n’avais franchement pas envie de m’énerver sur ce jeune homme. qui savait où je pouvais en venir.

« pardon ? » je me répetais, mais je n'avais rien compris à la suite des choses. ses mots me tracassaient tellement que je n'arrivais même pas à me soucier de la ceinture de mon kimono qui venait de m'échapper et de retomber au sol. m'enfiler un pantalon et un haut normaux... ? mais pourquoi, exactement ? je clignai des yeux, immobile un instant. si c'était ça qu'il voulait, alors je pouvais lui offrir. son approche, elle, en contrepartie, me rendait perplexe. j'humectai mes lèvres, ma langue claquant contre mon palais et mes yeux plissés. « quel intérêt ? » demandais-je d'abord, laissant tomber ma défensive, mon regard même figé vers le siens - et ça, c'était plutôt rare. mais il m'avait dit de ne pas le traiter comme un client, après tout, je me permettais donc certains droits. toujours un peu inquiet, cependant, je croisai les bras sur mon torse, m'assurant que ledit kimono reste au moins en place là où il était, ne tentant cependant pas de le réajuster une fois de plus.  « pourquoi vouloir m'enfiler des vêtements normaux ? et que faites-vous... fais-tu ici si tu ne comptais pas rester ? je suis confus. » pour le moment. il fallait que je m'assure de ses intentions, en premier.

Pour quoi me prenait-il? certes, il était vrai qu’en m’infiltrant ainsi dans un okiya, en dehors des heures ouvertures et sans connaître le jeune homme qui me faisait face, je ne montrais certainement pas les bonnes manières qui m’avaient été inculquées en étant plus jeune. j’avais l’air d’un gros pas de classe, mais qui s’en faisait, à part Sei Hwan qui semblait paniquer à l’idée que je sois un prédateur sexuel? je remarquai sa défense baisser, petit détail qui me fit grand plaisir. ses questions, toutefois, me firent soupirer. croyait-il vraiment que j’avais pensé à toutes ces réponses en avance? aucunement. j’avais agis sous l’impulsion du moment. j’haussai lentement les épaules, fichant mon regard de braise dans celui de mon cadet. « Je ne sais franchement pas ce qu’ils vous apprennent ici. Je sais toutefois que tu es plus jeune que moi, même sans savoir ton âge. Et ça me désole de voir comment tu gâches ton adolescence. » Lui dire qu’il me faisait penser à moi quelques années plus tôt? Certainement pas. Ce serait montrer une facette de mon passé que je préférais laisser loin derrière. Je ne me gênai donc pas pour aller fouiller dans le placard de la geisha, sortant un pantalon noir ainsi qu’un haut agencé, déposant la pile soigneusement pliée sur le lit du concerné. Je filai ensuite vers mon sac, fouillant dans l’une des poches pour sortir une liasse de billets, liasse que j’avais prévue garder dans mon sac, mais bon. Je la déposai également sur la pile de vêtement, reposant mon regard sombre sur le jeune homme. « Et si ceci peut te convaincre à passer une soirée normale avec un homme peu normal, j’en serais flatté. D’ailleurs, fais attention avec ces « vous ». Je n’hésiterai pas à dévorer tes magnifiques lèvres pour te faire taire, la prochaine fois. » Espérons que ce pot de vin soit suffisant pour le faire changer d’avis.

agaçant, audacieux et à la limite de l'impoli. je fronçai le nez, l'observant faire sans dire un mot pour les quelques prochaines secondes. mais son attitude était différente des autres, et, je devais l'avouer, c'était tout de même plutôt charmant. il n'avait rien à voir avec la plupart des hommes que je fréquentais... certains étaient condescendants, d'autres abusaient la politesse. des vieux, des plus jeunes, généralement les plus vieux étaient les plus polis et les plus dégueulasses et les plus jeunes, eux, étaient de typiques connards à la recherche d'une victime facile à soumettre à leur pseudo pouvoir. lorsqu'il posa la liasse de billets sur la pile de vêtements, je ne pus m'empêcher de cligner des yeux et d'hocher négativement la tête. oh, non. c'était trop gênant, ça. maintenant, je regrettais mes mots. je sentis bientôt mes joues se réchauffer et baissai la tête, les lèvres pincée. « je ne veux pas de vos billets... je n'en ai pas besoin. gardez-les. » le tutoyer me dérangeait. mais dire oui à ces billets me dérangeait encore plus. je m'approchai donc desdits vêtements pour attraper la liasse et la reposer dans ses mains. « pardonnez-moi mon incapacité à vous tutoyer. » le kimono retomba aussi rapidement que ma défensive, mes yeux ne le quittant pas une seconde alors que j'enfilais les vêtements. une fois rhabillé, je penchai la tête, mains sur les hanches. « votre audace me convient suffisamment pour le moment. et maintenant ? vous me kidnappez ? » après tout, j'étais presque certain qu'il n'était pas venu dans ma chambre juste pour me voir faire une parade de mode. surtout pas après m'avoir dit que je gâchais mon adolescence... ces mots auraient pu me choquer, mais je savais qu'il avait raison, au fond. je n'avais tout simplement pas le temps de m'apitoyer sur mon sort.

Je fronçai lentement les sourcils en voyant la liasse de billets revenir entre mes mains. Pourquoi changeait-il d’avis aussi rapidement? À ce que j’avais compris, c’est la seule chose qu’il semblait vouloir. Je m’étais peut-être trompé – ce qui ne serait franchement pas étonnant. Au nombre de fois où je me faisais des idées préconçues alors que la réalité était totalement différente. Je serrai lentement les dents en l’entendant me vouvoyer de nouveau, comme si mes dernières paroles avaient été totalement ignorées. « À croire que la politesse est maladive chez les Geishas. » Je fronçai le bout de mon nez en me penchant, attrapant le kimono laissé au sol pour le plier comme il le fallait, le déposant précautionneusement sur le lit du jeune homme avant d’hocher faiblement de la tête en signe de réponse à sa dernière question. « Oui, je te kidnappe. Si tu as envie de faire quoi que ce soit de précis, je t’en prie, fais-en la demande. » J’allai chercher mon sac, le balançant nonchalamment sur mon épaule avant de me retourner de nouveau vers toi, faisant glisser la porte coulissante en te pointant l’extérieur. « Cette nuit, la seule personne à te surveiller sera moi. Et je ne suis pas le meilleur des surveillants. C’est donc le moment de faire tout ce que tu ne pourrais pas faire, normalement, entre ces murs. » Un fin sourire étira mon visage, doux, cette fois. Je m’inclinai ensuite légèrement, tendant mon bras vers l’extérieur. « Après vous, joli jeune homme. »

je ne pus m'empêcher de sourire à ses mots. au fond, il me disait de faire ce que je voulais et de ne jamais me soucier de ma vie actuelle. demain, ou dans quelques heures, je retournerai à cette vie, mais j'aurai fait des choses que je ne ferais jamais normalement. c'était le deal. étrange, mais intéressant. j'observai mon lit, puis l'extérieur qu'il me montrait, puis mon lit à nouveau. si on découvrait que je n'étais pas dans ma chambre, j'étais mort. je lui fis signe de patienter, attrapant quelques vêtements et oreillers pour les mettre sous les couvertures, imitant grossièrement la forme d'un corps humain avant de plonger tête première; j'allais peut-être le regretter, mais j'y penserai plus tard. je passai devant le plus vieux, observant les alentours, un peu inquiet, puis me retournai vers lui. « vous êtes fous, quincy. » torturant ma lèvre un moment, l'observant de la tête aux pieds, j'observai alors les environs avec un peu plus d'intérêt. que pouvais-je faire ? j'en savais rien. y avait-il des choses qui m'intéressaient plus que d'autres ? après un moment de réflexion, je glissai mes mains dans mes poches et reposai mon attention sur lui. « je n'ai jamais pris de bain de minuit... » un sourire plus amusé vint se poser sur mes lèvres et j'haussai les sourcils. c'était probablement la chose la plus folle à laquelle j'aurais pu penser. oui, j'en était certain.

« Tu n’es pas le premier à me le dire. Je le crois aussi. » mon sourire prit un peu plus d’ampleur lorsque je le vis sortir, encore inquiet. à croire que l’okiya ne les laissait jamais sortir, même pour aller se promener. c’était un peu dur de croire que j’aimais vraiment cet endroit alors que je ne pouvais me faire à l’idée qu’il volait l’adolescence de ces jeunes personnes. c’était probablement l’effet secondaire de ma propre adolescence stricte et restrictive. à y repenser, j’attrapai quelques billets de la liasse pour les glisser dans la poche arrière de mon pantalon, entrant de nouveau dans la chambre pour glisser mon sac sous les couvertures, terminant ainsi la forme. si nous allions vraiment faire un bain de minuit, mieux valait que je laisse mes effets personnels ici. « Tu as de ces idées, Sei Hwan. Ça me plait bien. » je refermai donc la porte derrière moi, fourrant mes mains dans mes poches, me mettant en marche. le parc tatsu serait notre destination. un peu bizarre comme endroit pour un bain de minuit, mais c’est la seule chose à laquelle je pouvais penser. je tournai lentement le coin du pâté de maison, m’arrêtant sèchement devant un dépanneur, gonflant les joues. « Attends-moi deux minutes. » J’entrai rapidement dans le magasin, ressortant quelques minutes plus tard avec un sac plein, ayant mis les billets à profit. si nous allions profiter de la nuit, autant abuser un peu des bonnes choses. « J’espère que ça te conviendra, même si ce n’est pas le gros luxe. » Je revins à ses côtés, reprenant ma marche en lui adressant un fin sourire. J’espérais seulement qu’il ne me verrait pas seulement comme un homme louche.

'attends-moi deux minutes.' j'avais haussé un sourcil mais l'avait attendu, comme il me l'avait demandé, perplexe, patientant qu'il en ressorte. quelques minutes plus tard, il en ressortit, un sac - qui me semblait bien remplis, d'ailleurs - à la main, et je ne pus faire autrement que me poser des questions. si ça me convenait ? mais... « qu'est-ce que c'est que ça ? » demandais-je, lui emboitant le pas. je ne buvais jamais. en fait, je n'avais bu qu'une fois, et c'était tout récemment que c'était arrivé. j'étais, tout d'abord, beaucoup trop jeune pour consommer de l'alcool. éventuellement, je savais que j'aurais le droit de partager un verre avec mes clients, mais pas suffisamment pour en profiter - comme les jeunes de mon âge, normalement, le feraient. ma dernière expérience avec ce liquide avait d'ailleurs été plutôt étrange, mais... je ne me fermais pas à d'autres expériences du genre. peut-être que je finirais par m'y familiariser et l'apprécier, un jour, puisque tout le monde semblait l'apprécier de toute façon. « tu comptes me saouler ? » je lui avais demandé d'un ton léger, me forçant à le tutoyer, cette fois. j'allais probablement alterner souvent au courant de la soirée... mais au moins, il était averti, j'avais beaucoup trop de mal à vouvoyer les gens que je ne connaissais pas. et même, encore là... c'était un peu compliqué, pour moi. j'accélérai le pas et vint me placer devant lui, devinant l'endroit où il m'emmenait, plissant les yeux. « si je me fais voir, je suis mort. j'espère que tu en es conscient. »

« ‘Qu’est-ce que c’est que ça?’ ma tête se pencha légèrement sur le côté. je savais que Sei Hwan n’était pas naïf et qu’il devinerait facilement ce que le sac contenait, mais je n’avais pas envie de donner des explications. à son âge, je profitais déjà des petits plaisirs de la vie, même si je n’avais pas atteint la majorité. avoir un cercle d’amis plus âgés – et surtout avoir  tant d’argent que je pouvais me baigner dans celle-ci – aidait grandement. je laissai mon regard sombre valser sur le corps du plus jeune une nouvelle fois, inscrivant tout les détails possibles dans ma mémoire. bizarrement, je trouvais qu’il avait autant de charme vêtu normalement que lorsqu’il portait ces magnifiques kimonos. « Peut-être. » je restais vague. Je ne savais même pas pourquoi j’avais acheté de l’alcool. c’était purement impulsif. « Serais-ce impoli de te demander ton âge, Sei? » ce n’était certes pas une question fréquente – ni très polie -, mais ça l’intriguait au plus haut point. à quel âge recrutaient-ils les jeunes geishas? à quel âge leurs volaient-ils leur liberté? un fin soupir passa la barrière de mes lèvres alors que mes pieds foulaient maintenant l’herbe du parc, mon regard se reposant de nouveau sur mon cadet. « Moi aussi, je te signale. C’est illégal de kidnapper quelqu’un de plus jeune que soit… C’est illégal de kidnapper qui que ce soit, en fait. » je laissai un fin rire passer mes lèvres alors que je m’arrêtai tout près du lac se trouvant en plein centre du parc. je posai précautionneusement le sac au sol, retirant ma veste pour la plier et la poser au sol. « Je te garantis que l’eau sera glaciale. »

il voulait savoir mon âge... était-ce vraiment une bonne idée de le lui dire ? rares étaient les personnes qui me le demandaient, et généralement, je n'en parlais pas de mon propre chef. certains appréciaient ma jeunesse et d'autres la prenaient comme un signe d'immaturité, ou bien... je n'en sais rien. pour le moment, tout ce que je savais, c'était qu'il s'apprêtait à prendre un bain de minuit avec moi; et que mon âge risquait de le rebuter à le faire. j'étais, peut-être, et c'était possible, beaucoup trop jeune pour faire ce genre de choses avec un homme comme lui. je ne savais pas son âge, mais il avait au moins vingt ans. peut-être moins de vingt-cinq. sûrement, en fait. je mordillai ma lèvre et l'imitai, retirant mon haut, un frisson courant déjà sur ma peau. c'était que je n'avais pas choisi la meilleure période de l'année pour faire ce genre de trucs, après tout... « mh, moins de vingt ans. » répondis-je simplement, le laissant deviner quel était mon âge. ce n'était pas si mal, non ? après tout, j'étais presque majeur... dans les pays occidentaux, comme les états-unis, par exemple. je posai ensuite ledit haut sur la veste qu'il avait déjà posée par terre, réfléchissant un moment avant de m'attaquer au pantalon pour le retirer lui aussi, ainsi que mes chaussures et tout le reste - tout sauf, évidemment, mon caleçon. lui, je le gardais, et j'étais plutôt certain qu'il comprendrait pourquoi. je croisai alors les bras, mordillant ma lèvre inférieure. « à toi d'abord. je suivrai ton exemple. » j'avais, une fois de plus, fait un effort immonde pour le tutoyer - peut-être était-ce pour l'amadouer et qu'il y plonge en premier...

ce n’était pas une réponse très satisfaisante à mes yeux. je voulais savoir quel âge il avait, pas essayer de deviner en me fiant à une donnée presque exacte. je me foutais bien de l’âge qu’il pouvait avoir, en fait. je savais seulement qu’il était trop jeune pour passer toute sa vie à travailler comme une geisha sans pouvoir profiter de ce qu’un adolescent normal pourrait vivre dans sa vie de tous les jours. mon regard valsa de nouveau sur le corps de la geisha lorsqu’il se départit de ses vêtements, esquissant un fin sourire en le voyant poser ses vêtement sur ma veste. sans savoir pourquoi, ce petite geste me faisait plaisir. je glissai doucement mes doigts sous mon haut pour le retirer rapidement, laissant seulement une longue chaîne en argent décorer mon torse nu. je pliai le vêtement, le posant sur la pile qui grandissait à vue d’œil, plongeant ma main dans le sac que j’avais ramené, en sortant deux bouteilles. je les ouvris à tour de rôle, en glissant une entre les doigts de mon cadet. « Bois-ça. À ta nuit de liberté. » je lui offris un subtil clin d’œil, renversant ma tête vers l’arrière pour laisser le liquide glisser dans mon gosier, terminant l’entièreté de la bouteille en un court lapse de temps. je reposai la bouteille au sol, retirant ensuite le reste de mes vêtements, dans son entièreté, encore une fois. je n’avais rien à cacher, non. et puis, ce ne serait pas un vrai bain de minuit si je gardais un vêtement sur moi. je pouvais comprendre pour Sei Hwan et ça ne me dérangeait aucunement. après lui avoir adressé un dernier sourire, je filai vers le lac sans hésiter, m’enfonçant dans l’eau jusqu’à la taille, serrant les dents pour combattre le froid qui m’envahissait. « Tu attends que le soleil se lève pour me rejoindre? »

j'avais écarquillé les yeux avant de détourner le regard lorsqu'il se mit complètement à nu; ça, je ne m'y attendais pas. et que faisait-il de mon innocence ? et à qui je mentais, surtout. j'observai la bouteille entre mes doigts, incertain. le goût de l'alcool était un goût particulier, quand même... je soufflai, portant tout de même la bouteille à mes lèvres et en calant quelques gorgées avant de l'écarter de mes dites lèvres, le liquide réchauffant rapidement ma gorge et mon estomac et une grimace s'imprimant sur mon visage. définitivement, ce n'était pas un goût que j'étais près d'apprivoiser... mais tout de même; ce n'était pas si mal. un peu doux, même. je patientai un moment avant d'en prendre quelques gorgées en plus, l'observant se diriger vers l'eau à toute vitesse. c'était bien pour ça, que j'acceptais d'en boire... l'alcool réchaufferait probablement mon corps un minimum et m'empêcherait d'avoir trop froid - ou pas, mais je pouvais toujours m'en convaincre. je ne pus m'empêcher de soupirer lorsqu'il m'appela, déposant la bouteille et m'approchant de l'eau. pourquoi diable avais-je eut cette idée, au juste ? ah oui, parce qu'il n'y avait rien d'autre qui me venait en tête. mes pieds furent les premiers courageux, mais le reste ne vint pas. un énorme frisson d'horreur traversa mon corps. trop froid, beaucoup trop froid. « ah, quincy... » une nouvelle grimace sur mon visage, mais plus douloureuse cette fois. comment avait-il pu plonger si rapidement dans l'eau ? « c-c'est trop froid ! je peux pas faire ça. t'es complètement cinglé... » tentant de me convaincre du contraire, je fronçai le nez une seconde puis secouai la tête. négatif. je ne pouvais pas faire ça. puis je reculai de deux pas, les mêmes que je venais de faire pour rejoindre l'eau d'ailleurs.

j’avais fermé les yeux pendant un moment, tentant de régulariser mon soufflé, peu habitué à de tel changement de température. ça ne m’arrivait pas à tous les jours d’aller me baigner dans un lac qui devait servir de simple décoration. mon attention fut rapidement attiré par le jeune homme qui prononça mon nom, m’arrachant un énième sourire. je penchais toutefois la tête sur le côté en le voyant ainsi rester sur le bord, sans vraiment s’aventurer d’avantage. avec ses prochaines paroles, je compris qu’il laissait déjà tomber, sans avoir pris la peine de vraiment profiter de ce qu’il souhaitait, au départ. je poussai un fin soupire, m’étirant un moment avant de me rediriger vers la berge. « Oui, je suis cinglé… » il me l’avait déjà dit, ça. il avait l’air si fragile, comme ça, à rester au bord du lac sans rien faire. regrettait-il son idée tordue? avec le temps, l’eau se réchauffait et ce n’était pas si difficile à supporte. j’esquissai un doux sourire en sa direction, tendant une main pour attraper la sienne, murmurant doucement. « As-tu besoin d’aide? » simple question. sans réponse. mais ça ne m’empêcha pas de me relever tout près de lui pour passer mon bras à sa taille et le soulever légèrement, le tirant avec moi dans l’eau, ne lui laissant pas trop le temps de réagir. j’étais persuadé qu’il allait me détester après ceci, mais ça en valait la peine.

j'avais à peine eut le temps d'hoqueter, et j'étais déjà dans l'eau. tous mes membres se tendirent sous le choc de température et mes poumons se compressèrent. « q-quincy ! espèce d'idiot ! » par réflexe, je m'étais agrippé à lui, ou du moins ce que je pouvais - son bras, donc, qui me retenait contre lui. merde. l'eau était si froide que j'avais l'impression qu'elle me brisait les os. ou quelque chose dans le genre... je ne savais pas trop, en fait. lorsqu'il fut arrêté et que je pus bouger, je m'accrochai instinctivement à lui, cherchant la chaleur de son corps - ou un support quelconque. après tout, s'il s'attendait à ce que je sache nager, il se foutait le doigt dans l'oeil : je ne me baignais jamais. une telle activité était directement considéré comme indécente, pour une personne comme moi, et avec raison. « tu vas le payer... si je ne crève pas ici. » je disais ça, mais au fond, je n'avais aucune idée d'une façon de le lui faire payer.

je ne pu m’empêcher d’éclater de rire. ses réactions étaient tellement adorables. comme un enfant, presque. mais c’était peut-être parce que le contenu de la bouteille que je venais de m’enfiler commençait à faire effet. je resserrai lentement la prise que j’exerçais sur les hanches de la geisha pour tenter de le réchauffer, voyant comment il était encore crispé. l’une de mes mains remonta lentement le long de son dos pour s’accrocher à son épaule, esquissant un fin sourire, légèrement amusé. « tu ne crèveras pas. j’ai bien hâte de voir ce que tu vas me faire subir. » je me mis lentement à frictionner sa peau, tournant ma tête vers l’arrière pour regarder les alentours. mes joues se gonflèrent un moment avant que je ne me remette en marche, vers l’arrière, m’enfonçant dans l’eau jusqu’à avoir de l’eau au niveau des épaules. je regardai lentement ma chaîne flotter à la surface de l’eau, reposant mon regard sombre dans les prunelles de mon cadet. il ne m’était jamais venu à l’idée que le jeunot ne savait pas nager. tout le monde savait nager.

mes doigts s'étaient automatiquement agrippés plus fort à ses épaules, mes ongles lacérant probablement sa pauvre peau alors qu'il s'avançait plus loin dans l'eau. ce n'était pas tellement que j'avais peur de l'eau, mais surtout qu'elle était glaciale et que je ne savais même pas si je touchais fond, en ce moment. je ne savais pas nager, mais j'étais presque certain de pouvoir m'en sortir... avec classe, par contre, ça, j'en étais un peu moins certain. « c-c'est trop froid. yah... » il aurait fallut que je bouge, j'en étais conscient, mais trop frigorifié pour même penser à m'écarter du plus vieux. en attendant, mes lèvres tremblaient et j'avais un peu de mal à parler... je pris une grande inspiration - aouch, les poumons - et fermai les yeux, me collant un peu plus à lui et oubliant momentanément que ce n'était pas moralement - ni physiquement, d'ailleurs, au fond - correct de faire ça. pas pour moi en tous cas. « où tu vas comme ça ? trop loin. » c'était à croire qu'il pouvait lire toutes mes pensées et, qu'en l'occurrence, il faisait exactement tout ce qu'il pouvait pour aller à l'encontre de ce qui était correct, justement. bâtard.

je ne savais pas pourquoi. je ne savais vraiment pas pourquoi j’avais envie de pousser ses limites alors que je le connaissais à peine. peut-être voulais-je qu’il se dégêne un peu? je ne sais pas trop. je le laissai s’agripper un peu plus à moi, ma main posée contre son épaule reglissant au creux de son dos pour recommencer à frictionner sa peau. mon menton se posait délicatement contre l’épaule que je tenais auparavant, mon nez se glissant au creux de son cou où je me surpris à souffler lentement, chaudement, pour l’aider une nouvelle fois à se réchauffer. certes, l’eau était franchement glaciale. mais si je pouvais supporter ça froideur, sei hwan pouvait également le faire. mon souffle parcouru son cou pendant un moment jusqu’à ce que je relève la tête pour glisser mon visage tout près du sien, mon souffle venant butter contre ses lèvres. « échappes-toi, si tu as peur. » ce que je faisais n’avait aucun sens. mes yeux restaient ancrés dans les siens alors qu’un tendre sourire venait fendre mon visage. je n’avais pas pensé que nous nous retrouverions aussi proche si rapidement.

frisson. le changement d'ambiance fut si soudain que j'en oubliai presque à quel point l'eau était froide. je me sentais un peu piégé; j'avais le choix entre plonger tête première dans l'eau - et éventuellement crever soit de froid ou me noyer, peut-être - ou rester dans ses bras tandis qu'il me défiait du regard. pourquoi, je ne savais pas trop. avait-il fait exprès ? m'emmener jusqu'ici, pour que je n'arrive plus à me détacher de lui. mais non. ça ne faisait aucun sens. il ne devait même pas savoir que je ne savais pas nager. après un moment, je resserrai ma prise sur lui, pinçant les lèvres, fixant mon regard vers le siens. « je n'ai pas peur... » si, un peu, peut-être. c'était un mensonge. j'avais un peu peur, maintenant que je réalisais qu'il était un peu plus grand que moi et que l'eau lui arrivait au niveau des clavicules. mais je préférais le dire comme ça, histoire de ne pas avoir à me détacher, même si ça me mettait dans une position un peu compromettante. reprenant mes habitudes pour l'embêter, j'haussai un sourcil. « n'avez-vous pas honte de vous tenir ainsi, complètement nu, contre un homme de ma classe ? » par ma classe, je parlais, évidemment, des geisha, puisque nous partageons visiblement la classe haute tous les deux.

« je n’ai pas peur. » pourquoi avais-je du mal à le croire? certes, je pouvais paraître franchement louche, surtout lorsque je laissais tomber toutes mes manières comme en ce moment. je me demandais s’il pouvait avoir plus peur de l’eau ou de moi, en fait. mais ce n’était pas très important. je laissai une de mes mains quitter le confort de son dos pour glisser contre sa hanche, esquissant un sourire amusé à l’entente de ses dernières paroles. « un homme de ma classe peut faire ce qu’il veut quand il veut, tu sais. » mes doigts pianotèrent un moment contre la peau du plus jeune, me mordillant les lèvres un moment. puis j’avançai rapidement mon visage pour happer les lèvres de la geisha au passage, aussi soudain que cela puisse paraître. je replongeai mon regard dans le sien, une lueur taquine flottant dans mes yeux. « je t’avais dit de ne plus me vouvoyer… » voilà probablement une raison qui le pousserait à retourner à la berge à la nage.

choc. avait-il réellement osé ? si, il avait osé, et j'avais à peine eu le temps d'assimiler le contact de ses lèvres pour comprendre qu'il m'avait embrassé. pardon ? les yeux un peu écarquillés, je l'observai, bouche-bée, incapable de décider quelle réaction exactement je devais avoir en ce moment. lui foutre une bonne claque ? rigoler ? repartir à la nage ? ouais, la dernière aurait été une bonne option, si seulement je savais nager. je choisis donc la première et je fronçai les sourcils, lui donnant une petite claque sur la joue. agréable mais indécent. beau, mais malpoli. intéressant mais compromettant. « votre belle gueule n'excuse pas votre impolitesse. » répondis-je enfin, les sourcils toujours froncés. mais je ne m'étais pas détaché de lui. il m'avait l'air certes un peu cinglé, mais pas suffisamment pour que je le prenne pour un violeur. et pour le moment, cette optique était toujours plus charmante que celle de me noyer.  après un moment, je soupirai. « je ne sais pas nager. essaie de ne pas trop en profiter ? » avouai-je, grimaçant un tantinet.

je sentis une légère tape contre ma joue, après un certain moment. rien de bien méchant, mais assez pour me faire comprendre qu’il ne s’attendait probablement pas à recevoir ce genre d’échange. je fronçai légèrement le bout de mon nez en l’écoutant parler, butant sur mot qu’il avait employé. tentait-il de me provoquer ou l’avait-il prononcé par inadvertance? j’avais toutefois l’impression qu’il avait mis l’accent sur ce mot précis. c’était peut-être mon esprit qui me jouait des tours. « je ne sais pas nager. » c’est la seule partie de la phrase que je retenue vraiment. vraiment? alors pourquoi avait-il eu l’idée de faire un bain de minuit s’il ne savait même pas nager? il avait de la chance que la personne l’accompagnant soit friande de contact humain, parce qu’il aurait été laissé à lui-même depuis un long moment. je remontai doucement ma main, laissant le bout de mes doigts glisser le long de son flanc avant de s’accrocher à son menton, le tournant lentement vers mon visage. je déposai tendrement mes lèvres contre les siennes, plus longuement cette fois-ci, inculquant toute la douceur et la tendresse que je possédais dans ce baiser. si jamais eu ma leçon? pas du tout. « je peux être très poli lorsque j’en ai envie, sei hwan. mais te voir ainsi gâcher ton adolescence, ça me tue… c’est tout… » oui, j’avais osé, encore. je m’en fichais un peu, en fait. il pouvait me gifler encore plus fort, ça en valait la peine.