C'est en allant cherche le courrier que l'idée m'est venu d'aller faire un petit coucou au voisin. Je ne savais pas trop si le petit billet que j'avais reçu venait du père ou du fils mais j'allais rapidement en avoir le cœur net. Ça ne me gênait pas tant que ça à vrai dire, ça m'amusait même mais je pensais qu'il valait mieux tout de suite mettre les points sur les « i » même si ça n'allait pas forcément faire plaisir au voisin. Passer pour un enfoiré était devenu d'un banal dans ma vie. C'était à se demander qui n'était pas au courant de ce fait avéré ?

Des lunettes noires sur le nez car la journée avait été fortement ensoleillée, je pressais la sonnette de mon cher voisin et m'appuyant sur mon avant bras comme si j'étais un séducteur né j'étais prêt à faire face et avec le sourire s'il vous plaît ! D'ailleurs en y repensant je ne savais même pas de quoi ils avaient l'air. Je ne les avais vu que de dos, à la sauvette. Je savais qu'il y avait au moins deux hommes et la concierge m'avait apporté un complément en parlant d'un père et son fils. Pour tout avouer, je n'avais pas vraiment cherché à les connaître mais d'après ce que le mot disait j'avais tout intérêt à rectifier cette erreur. Ça ne voulait pas non plus dire que j'allais arrêter d'être bruyant. J'allais juste leur montrer pourquoi mon coloc' donnait autant de la voix.. après tout j'étais canon et un sacré bon coup au pieu.

Voilà déjà une semaine que mon appartement n'avait été que travaux et bricolage. Il était récemment acheté grâce à mes économies de petits boulots et un peu d'aide de mon père. Et tous les jours, après ma matinée de cours, il était venu m'aider pour la peinture, le montage des meubles et les derniers trafics sur les lumières et l'électricité. Neuf, propre, clair, voilà à quoi ressemblait mon logement. Parfois, il était resté dormir, pour ne pas perdre de temps et continuer durant ses congés, tandis que j'allais étudier. Nous ne dormions pas beaucoup, et je ne continuerais pas sur ce sujet. Et il y avait tout juste quelques heures que Papa était partit, me laissant défaire les derniers cartons et surtout ranger mes livres dans ma grande bibliothèque, ma petite fierté à vrai dire. Et j'étais seul. C'était étrange.

Mais je ne le fus pas pour longtemps puisque la sonnette retentissait pour la première fois.Une inauguration dirais-je. Mais je n'avais pas la moindre idée de qui pouvait venir. Je posais mes livres sur la table de la cuisine, me frottais les mains et allais ouvrir, avec mon éternel air calme et sérieux.

-Bonjour.

Ce fut la seule chose que je disais en voyant cet homme assez étrange. On ne portait pas de lunettes de soleil dans un immeuble. Et on ne s'accoudait pas comme ça aux portes, comme si on attendant son amant pour sortir. Je restais alors là, la porte entrouverte,  une main posée sur la poignée, fixant l'homme d'un air parfaitement neutre.  

-Je peux vous aider ?

La porte d'entrée fini par s'ouvrir par miracle et tombant sur un jeune homme, le mot « fils » résonna sans ma tête. Est ce que c'était vraiment une bonne pioche hein ? A en voir sa tête pas tant que ça mais bon, on allait faire avec. Il avait l'air si sérieux, si coincé ! Oui voilà le mot, il avait l'air coincé.. « Bonjour. » restant muet un instant, je baissais mes lunettes pour analyser le petit monsieur de la tête aux pieds avant de me redresser pour me mettre face à lui. « Je peux vous aider ? » Un soupire amusé passa alors mes lèvres. Oui il allait pouvoir m'aider. « Je suis votre voisin, j'habite juste là.. » Montrant du doigt l'appartement d'à côté, un sourire amusé étira le coin de mes lèvres. Sans attendre, je sortais le bout de papier de ma poche pour le lui mettre sous le nez. « Bon je vais faire simple, on va sauter les présentations parce qu'au final c'est inutile.. » Agitant alors le bout de papier, je donnais finalement en retirant mes lunettes noires que je fourrais dans ma poche. « Personnellement, je ne viens pas pour m'excuser. J'ai encore le droit de baiser comme je veux chez moi.. je suis juste passé histoire de vous dire que ce genre de petit mot doux ne marchent pas avec moi. J'espère qu'on se comprend hum ? » Glissant mes mains dans mes poches, je lui souriais d'avantage d'un air complètement hypocrite.

A peine entendis-je le mot voisin que déjà je m'ennuyais. Car à en voir ta tête, ta façon de faire et ta manière de parler, tu ne venais ni pour t'excuser, ni pour me donner les horaires précises afin que je dorme entre celles-ci. Je te fixais sérieusement, de mes petites yeux, sans broncher ni ciller, ne cherchant même pas à répliquer entre tes paroles qui volaient plus qu'elles n'atteignaient mon cerveau. Je me contentais juste de prendre le mot, de le relire vite fait pour être sûr qu'il venait de moi. Puis, quand tu eux finis, je ne me posais pas trop de question.

Je m'approchais, posant le papier en le maintenant sur ton torse, avec une certaine force, maîtrisé, plantant mes yeux dans les tiens sans gêne ni hésitation. "On se comprend parfaitement. Et j'espère que les personnes qui crient, car j'en déduis aux voix qu'il n'y a que rarement la même dans ton lit, apprécient le classique car je vais m'en donner à cœur joie au piano." Je coinçais le papier dans ton haut et reculais à ma place initiale, près à rentrer de nouveau dans mes quartiers. "Et crois moi, c'est bien rare que je ne fasse fuir personne avec ce genre de musique. On verra bien qui de ton corps ou du classique remportera la victoire." Je te toisais une dernière fois avant de rentrer .

Baissant les yeux vers sa main alors qu'il venait de la plaquer contre mon torse, je l'écoutais simplement. "On se comprend parfaitement. Et j'espère que les personnes qui crient, car j'en déduis aux voix qu'il n'y a que rarement la même dans ton lit, apprécient le classique car je vais m'en donner à cœur joie au piano." Levant les yeux vers lui, ce même sourire hypocrite accroché aux lèvres, je croisais ses yeux pour ne pas les quitter. Il me lançait un défi là non ? Le classique .. j'avais horreur de ça. Une raison de plus pour ne pas apprécier les voisins.. quel dommage. Ce petit avait néanmoins du cran. Je faisais une tête de plus mais il n'avait apparemment pas peur que je lui rentre dedans.

Sa main fini par remuer contre mon torse et lorsqu'il glissa le papier sous mon tee-shirt, je faisais claquer ma langue contre mon palet comme pour le mettre en garde. Qu'il ne pense pas qu'il avait le droit de se sentir familier avec moi. Il recula et je sentais venir la suite sans pour autant faire un geste. "Et crois moi, c'est bien rare que je ne fasse fuir personne avec ce genre de musique. On verra bien qui de ton corps ou du classique remportera la victoire." Me claquant la porte au nez, je la frappais d'un coup de poing rageur. " YAH.. pour qui se prend ce morveux..? " Replongeant ma main dans ma poche, je donnais un coup de pied dans sa porte, impulsif que j'étais et retournais bien gentiment chez moi sans pour autant oublier le défi qu'il me lançait. ".. si il veut jouer, on va jouer mais à ma façon." Mon coloc' était là et m'observais de son air curieux alors que je parlais tout seul. Ignorant la question dans ses yeux, je sortais le bout de papier de sous mon tee shirt pour griffonner quelques mots sur la face encore vierge. / C'est avec plaisir que je relève ton défi morveux ! /

Sortant nouveau de chez moi, je glissais ce mot sous la porte de mon cher voisin et sans attendre je rentrais chez moi pour aller dire bonjour à Hyun su comme je savais si bien le faire.

A vrai dire, je savais que tu n'allais pas rester immobile et repartir. Tu n'étais pas ce genre de personne. Déjà, en venant t'accouder au pas de ma porte pour clairement me dire que tu te fichais de réveiller tout l'immeuble avec tes ébat, c'était bien signe du genre de personne "je-m'en-foutiste" tout craché. Alors partir sans rien dire, non, impossible. Je ne pus donc que sourire fièrement en t'entendant frapper à la porte avec force

Jusqu'à ce que tu partes. J'allais alors avec une pointe de malice sortir mes partitions et les poser à leurs endroits respectifs sur le piano. Piano qui était calé contre le mur, celui qui séparait ma chambre de ton appartement, bien entendu. La caisse de résonance ne pouvait qu'envoyer les sons de l'autre côté, sauf si les murs étaient parfaitement isolés. Sauf que le bâtiment n'était pas neuf et donc j'avais toute mes chance. Discrètement, j'allais vers la porte e y retrouvais le morceau de papier avec une écriture assez stylisée. Je l'a lu rapidement avant de sourire et de retourner m'installer au piano, entamant une douce mélodie de Jean Sebastien Bach.

Pour tout dire, j'avais légèrement exagéré mes dires : le classique n'était pas ma spécialité. J'aimais la jouer, mais sans exception. Alors, après quelques notes ambiantes, je dérivais sur quelque chose de plus personnel, de plus pop, commençant aussi à chanter dessus sans retenue, avec dynamisme et précision. Le défi avait commencer.