Une enfance plutôt malheureuse bien que magique - quand on est un môme c'est facile d'adoucir les choses. Papa qui n'était pas là ? Il était sûrement au royaume de la fée morgane parce qu'il me cherchait une nouvelle maman. Faux. Il était simplement au travail et prétextait être très occupé alors qu'il s'acharnait simplement sur une bonne bouteille pour faire passer le temps et rentrer une fois que les gosses auraient été couchés par la bonne (de sexe masculin). Hors de question qu'il croise son fils, aussi mignon qu'il puisse être : il était le seul et unique coupable de la mort prématurée de sa porteuse à cause d'une infection provoquée par un accouchement agité. En revanche, il ne manquait jamais à son devoir de papa avec son enfant prodigue, allant lui déposer à bisou sur le front à chacun de ses retours. Il doit encore s'imaginer que je ne le sais pas mais howon ne manquait pas de me le dire ; sûrement parce qu'il espérait que je lui réponde  un "moi aussi !" mais je me contentais de larmes. Je n'existais pas, pas à ses yeux. Heureusement pour moi, j'existais à ceux de celui qu'il avait coutume d'appeler < la bonne > ; ce dernier prenait soin de moi comme de son propre enfant, veillant toujours à ce que je quitte la maison avec le sourire. Peut-être m'a t-il élevé comme son propre enfant parce qu'il n'a jamais réussi à en avoir. Mystère ; mais je lui serai toujours reconnaissant pour tout ce qu'il a fait pour moi. Pour m'avoir laissé penser que quelqu'un, à part mon frère, s'inquiétait pour ma personne. Il m'arrive de lui rendre visite, quand je trouve le temps de le faire, pour lui ramener un petit cadeau et lui rappeler la place qu'il a dans mon coeur. C'est le seul être humain, avec mon aîné, que j'aime vraiment. Je suis d'une indifférence affolante avec tous les autres. Concernant mon père, je prétexte être bien trop occupé pour lui parler : nous jouons au même jeu et, étrangement, ça me fait plaisir. Au niveau de la scolarité, je me suis toujours contenté de faire le minimum d'efforts. A quoi bon se faire chier quand on est surdoué ? J'apprends en masse et très rapidement. Ce qui me branche ce sont les mathématiques, pas la danse ou le chant sinon je serais sûrement déjà une idole à l'heure qu'il est. Mon adolescence fut plutôt mouvementée même si j'en regrette une partie à cause du tort que j'ai pu causer à celui qui m'a élevé. J'étais bagarreur, du genre à foncer tête baissée à la moindre provocation, vulgaire et je passais le temps, "que je ne passais pas" à bosser, à papillonner. Les altercations étaient très souvent liées à ce point-là d'ailleurs. Chaque mec qui se retrouvait avec une copain infidèle ou un fantasme volé essayait de me casser la gueule. Par fierté, et par plaisir, je rentrais dedans. Après plusieurs convocations, j'ai commencé à me calmer. La < bonne > le vivait bien trop mal pour que je ne tente pas de me contrôler un minimum. Une fois majeur, j'ai quitté le domicile familial : j'avais amassé suffisamment de thunes grâce à mon cerveau que j'avais largement de quoi m'installer dans un grand appartement. Au jour d'aujourd'hui, j'étudie encore, dans les maths, et je peux me dire "mac" d'un petit con. Pourquoi dire non à un accroissement des profits ?