Ce soir, j’avais bien envie de rendre visite à mon petit frère adoré. Pour se faire, j’avais donné rendez-vous à Mason dans la ville basse pour aller voir des combats. J’avais beau être propre sur moi, classe et tout le tralala, j’adorais voir des hommes s’entretuer sous mes yeux. En fait, c’était quelque chose qui me rendait dingue. Parier, faire le con…Tout ça était un pur délice à mes yeux. A cet effet, je m’étais préparé comme à mon habitude en m’habillant d’un pantalon de marque et d’une veste de costard hors de prix. Je n’avais pas peur de me balader dans la ville basse habillé comme un riche, car après tout j’étais flic et je ne me baladais jamais sans mon arme. Un dernier coup d’oeil dans la glace et je m’en allais prendre le tramway pour rejoindre le niveau inférieur. Je ne savais pas si Mason aimait ce genre d’endroit car je ne l’y avais jamais emmené mais j’espérais sincèrement qu’il n’allait pas me faire le discours du petit coincé de service. Pile à l’heure au rendez-vous, je l’attendais de pieds ferme devant le bâtiment où se déroulaient les combats tout en fumant une cigarette.

clay et ses idées à la con - mon frère avait beau être un mec bien, parfois je me demandais comment il pouvait apprécier de voir des mecs se battre à mort. surtout lui, un flic. n'était-il pas censé protéger les innocents ou, alors, n'estimait-il pas que ces personnes étaient innocentes ? j'étais dubitatif. personnellement, c'était quelque chose qui me répugnait. je comprenais la loi du plus fort, bien sûr, et l'envie de se faire de l'argent, mais il y avait des limites à tout. alors que je prenais le tramway pour rejoindre la ville basse, j'imaginais mon aîné avec une couronne de laurier autour de la tête, fier, se prenant pour césar. c'était d'un ridicule ; j'esquissais un sourire, amusé, avant de descendre. misère, bien le bonjour. j’apercevais rapidement mon  frère, planté devant l'arène, une clope au bec. regardez-le, le fils du roi. < t'as pas oublié ta calèche en or, clay ? sans déconner, tu vas te faire égorger et dépouiller dans une ruelle. > je m'arrêtais devant lui avant de le prendre dans mes bras, par habitude. c'était une des seules personnes avec qui j'étais tactile et démonstratif. < t'as décidé de me faire plaisir en venant ici ? > ajoutais-je, le regard un brin blasé.

L’hyper-actif que j’étais prenait un certain goût à la bagarre et aux effluves de sang même si la petite fiote qu’était Mason n’arrivait pas à le concevoir. Nous étions tellement similaires et à la fois tellement différents. Parfois je me demandais si mon père n’avait pas foiré quelque part en donnant sa semence pour avoir Mason car ce garçon était bien coincé mais au final, je l’aimais quand même. En voyant sa tête de petit premier de la classe, je lui offrais le plus beau de mes sourires et enfouissais une main dans ses cheveux pour les ébouriffer en lâchant un petit rire amusé. “Un Kwon ne peut pas sortir habillé comme un clodo, on a une réputation  à tenir, tu ne crois pas ?” Un clin d’oeil plus tard, je passais mon bras sur son épaule pour le garder contre moi et l’attirer dans l’antre de la sauvagerie. Une forte odeur de transpiration, d’alcool et de tabac venait titiller nos narines à peine rentrés et je ne m’en plaignais pas. Aussitôt, je me dirigeais vers le bar pour commander une bouteille de Whisky et deux petits verres que je ramenais vers mon frère. “J’me suis dis que te faire passer une soirée avec des vrais hommes te permettrait peut-être d’être moins efféminé.” Et hop, première petite pique de la soirée.

je penchais la tête sur le côté lorsqu'il plongeait sa main dans mes cheveux pour les décoiffer. < évidemment. dans un endroit comme celui-ci tu ne passes pas pour un clodo mais pour un bouffon. je ne sais pas quel est le pire. > un sourire joueur sur les lèvres, je rentrais avec lui dans son lieu de prédilection. je l'écoutais d'une oreille seulement, mes prunelles se perdant sur le décor. pardon ? parce que, pour être viril, il fallait puer la transpiration, l'alcool et le tabac ? je roulais des yeux, restant près de mon aîné. j'avais été bagarreur dans mes plus jeunes années mais jamais je n'avais été un porc et ce jour n'arriverait sûrement pas aujourd'hui. observant les hommes présents, que des modèles de perfection, je lâchais un soupir amusé : quoi, comme ça j'étais efféminé ? avait-il déjà vu une geisha une fois dans sa vie ? je posais ma main sur son torse, le tapotant. < avec des loques écœurantes, oui. sérieusement, comment tu fais pour supporter cette odeur infâme ? si je venais ici aussi souvent que toi je suis persuadé que je me satisferais uniquement avec ma main jusqu'à la fin de mes jours. c'est un coup à se dégoûter des hommes à vie. >

Bon sur le coup, il n’avait peut-être pas tord le petit Kwon…Dans tous les cas, peu des hommes que je fréquentais dans la haute société de la ville savait que je me rendais ici de temps à autre pour me défouler. J’avouais être un animal comme les autres en appréciant ce genre d’ambiance et au moins, je ne faisais rien de mal. Enfin, pas tout le temps. Mes fesses posées sur le banc le moins miteux que j’avais trouvé, j’ouvrais la bouteille tout en observant brièvement les hommes qui étaient en train de se battre. Puis je versais un fond de verre à Mason avant de boire au goulot. “L’odeur ? ça me dérange pas, on s’y fait à force. Mais ne t’inquiètes pas petite princesse, j’ai pris des lingettes pour bébé, histoire que tu puisses laver tes petites mains en sortant” Taquin, je tapotais son épaule à mon tour alors que je déposais la bouteille sur le banc. “Je nous ai inscris sur la liste des combats by the way. J’espère que t’es en forme” Quoi comment ça j’abusais ? Me battre avec Mason était un petit kiff que j’avais envie d’assouvir.

je me posais en face de mon frère, sur un banc qui semblait vouloir tanguer jusqu'à ce que destruction s'en suive, plissant les lèvres. comment pouvait-on se faire à une odeur pareille ? c'était inhumain. < tu dois sans doute ne plus avoir de flair. quoi que, tu n'en as jamais vraiment eu. > je me mordais le bout de la langue, taquin. et voilà une petite pique pour l'aîné et son super boulot de flic qui semblait le mener nulle part. j'attrapais ensuite mon verre et en buvait le contenu cul-sec avant de le reposer. < quelle adorable attention. > lâchais-je en plantant mes coudes sur la table. ce lieu était dénué d'intérêt. la bagarre était l'arme des faibles d'esprit et clay, ce pauvre clay, semblait obsédé par cette dernière. il me parla alors de sa superbe surprise. je clignais des yeux, sincèrement étonné qu'il ait osé nous inscrire sur la liste des combats. il était vraiment sérieux ? désespéré, je soupirais de façon très audible, posant mon menton dans ma paume. < j'espère que tu déconnes, c'est ton fantasme, pas le mien. >

Moi, ne pas avoir de flair ? J’espérais sincèrement qu’il se moquait de moi car il s’agissait bien d’une de mes rares qualités. Quoi que non, j’en avais plein d’autres. L’alcool qui coulait dans ma gorge brûlait légèrement mais je disais rien, me contentant de lui server un second verre tout en souriant à son commentaire. Mason ne semblait pas me croire et pourtant, il allait bientôt être l’heure de s’enfermer dans la “cage” comme ils l’avaient appelés. Bien que l’idée de défoncer mon petit frère n’était pas plaisante, lui donner une petite branlée m’excitait passablement. “Tu sais pourtant que je ne suis pas du genre à déconner mon petit sucre d’orge” Les yeux rivés sur l’arbitre, je me redressais lorsque nos noms retentissaient dans la salle. Mason pouvait essayer de fuir s’il le voulait mais aucun homme de cette salle ne lui laisserait cette occasion. Le sourire aux lèvres, je retirais ma veste et redressais mes manches pour aller dans la cage. “Allez viens petit lopette, que je te botte le cul~”

Excité à l’idée de pouvoir me défouler un peu, je riais à la vue de mon petit frère qui semblait tétanisé dans son coin. Sérieusement, je ne comptais bien entendu pas le tuer et si les spectateurs venaient à s’en mêler, j’avais toujours une arme sur moi. J’étais donc parfaitement détendu à l’idée de lui mettre quelques fessées. Lorsque nous étions petits, nous jouions souvent à la bagarre et j’aimais beaucoup cela. Me battre avec lui allait me rappeler ces bons souvenirs. Après avoir fait signe à deux costauds d’aller le chercher, je souriais comme un idiot lorsque Mason terminait dans la cage enfermé avec moi. “Allez je te laisse frapper en premier, honneur aux femmes”

Décidément, il ne voulait pas du tout jouer le jeu. Seulement voilà, les hommes autour de la cage commençaient à s'impatienter et j'étais bel et bien obligé de me battre. Le regard rempli de bonnes intentions, je me rapprochais de mon petit frère pour le pousser un peu et commencer à le chauffer. Je ne voulais pas lui coller un poing en plein dans son joli petit visage en premier. Oh non, je savais que si je faisais ça, il me tuerait par la suite. Amusé, je me contentais de le bousculer et le provoquant gentiment. Pour finir, je me rapprochais non pas pour le frapper mais pour lui glisser une remarque. "Allez frappes, je serais doux, après deux trois coups tu tombes par terre et tu fais semblant d'agoniser, ça suffit, pas besoin de s'entretuer" Je précisais, histoire qu'il ne se fasse pas de films. Détruire le visage de mon beau petit frère n'était pas mon but, loin de là !

Quoi ? Mon frère était une vraie lopette ! J’avais simplement envie de m’amuser avec lui, de me défouler après cette longue semaine passée à enchainer les échecs au boulot. Et puis j’avais parié une petite somme que je gagnerais le combat alors il n’avait pas intérêt à se défiler ! En y repensant, j’aurais peut-être du le prévenir qu’il y avait de l’argent en jeu, ça l’aurait peut-être poussé à se montrer plus impliqué. Amusé par sa façon de me regarder, je fus surpris par son coup lorsque ce dernier attérit sur mon si beau visage. Non mais, oh ! J’avais pas dis “frappes moi au visage”…Quel idiot. Un goût désagréable de fer se répandait dans ma bouche quelques secondes plus tard avant que je n’essuie ma lèvre du revers de ma main. Quel enfoiré, je m’étais mordu la lèvre à cause de lui ! “J’vois pas le rapport ! Toi t’es une fiotte !” Maintenant qu’il m’avait frappé, je pouvais lui rendre la pareille en collant mon poing dans son ventre avec force. Puis je me glissais dans son dos et l’attirais contre moi, agrippant son cou pour l’empêcher de se dégager. “J’ai parié du fric, joues le jeu et amuses toi un peu au lieu de râler~”

j'étais une fiotte pour quoi, exactement ? parce que je ne venais pas tous les soirs me pochetronner dans ce repère de violence puant ? parce que je prenais soin de moi et que je m'estimais plus évolué que les gens présents pour ne pas user de mes poings mais me contenter de mes mots ? si c'était ça être une fiotte alors, oui, j'en étais une et j'en étais fier. je me prenais un coup à mon tour, la monnaie du revers du droit. et quoi, putain, ça le faisait bander tout ça ? il était sadomaso, je ne voyais pas d'autres explications, on n'avait plus dix sept ans. on était plus des petits cons. je toussais sous l'arrivée de son poing dans mon abdomen. le souffle coupé, je le laissais m'attraper, n'ayant pas vraiment le temps de réagir. j'avais du mal à respirer mais il fallait, en plus, que ce connard passe son bras autour de mon cou. J’ai parié du fric, joue le jeu et amuse-toi un peu au lieu de râler. je grognais, agrippant son bras de mes mains pour tenter de me dégager - mais ce connard était bien trop musclé. < qu'est-ce que ça peut me foutre que tu paries du fric ? > crachais-je avant de lui écraser le pied avec violence pour qu'il lâche prise.

Mon frère avait décidément les idées bien arrêtées par moment et je n’appréciais pas ce côté de sa personnalité. Bien évidemment, je l’acceptais comme il était mais je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir le démonter lorsqu’il me parlait mal, uniquement parce qu’il croyait tout savoir de la vie et être un modèle de perfection. Il n’en était pas un, moi non plus d’ailleurs et cet endroit me permettait de me vider de cette énergie, des tensions accumulées lors de la semaine. Etre flic n’était pas une partie de plaisir, bien au contraire. Ce job était frustrant, épuisant aussi bien physiquement que moralement mais ça il ne s’en doutait pas puisqu’il n’avait jamais foutu les pieds dans une brigade. Bien décidé à le décoincer un peu et à l’aider à extérioriser ce qu’il retenait peut-être, je ne me laissais pas attendrir par notre lien de parenté et reculais aussitôt lorsqu’il m’écrasait le pieds pour le tourner face à moi et lui décoller une droite. Je voulais qu’il se batte, qu’il se mette hors de lui, ne serait-ce qu’une seule fois. Il me remercierait par la suite, lorsqu’il se rendrait compte que mine de rien, ça faisait du bien de se défouler. "T'es vraiment pathétique...Arrêtes de faire le gosse et de te plaindre"

ma technique avait marché : clay m'avait lâché mais il m'avait ensuite frappé au visage. sous la vitesse et le force du coup, j'avais basculé en arrière et m'étais retrouvé à terre. comment voulait-il que le combat soit loyal ? il se battait depuis des années, fréquemment, et il était plus musclé que n'importe quel homme appartenant à la normalité. je passais ma langue contre l'intérieur de ma joue, douloureuse, tout en me relevant. < je suis pas un gosse. c'est toi, avec tes conneries. et mon pathétisme t'emmerde. > lâchais-je avant de courir vers lui et de l'attraper à la taille, nous faisant tous deux tomber au sol sous les cris presque encourageants de la foule.

Décidément, le petiot n’était pas prêt à vouloir jouer le jeu. Néanmoins, j’avais cru déceler un changement de comportement lorsqu’il terminait pour la première fois au sol. Tiens donc, avait-il accepté l’idée de se battre ? Le sourire aux lèvres, je l’écoutais sans broncher avant d’être surpris par cette petite furie qui venait de me sauter dessus pour me foutre à terre. L’impact étant assez violent, je sentais ma tête se frapper lourdement contre le sol avant de grogner sous la douleur. Saloperie, j’allais avoir une bosse ! “Ah…bébé deviens grand”

je passais mon avant-bras sous sa gorge, appuyant suffisamment pour le forcer à rester immobile mais pas assez pour l'étouffer, le regard noir. < le seul môme ici c'est toi, clay. le bouffon de la ville basse. > marmonnais-je avant de caler mes jambes de sorte à le maintenir au sol sous mon poids - peu conséquent. < depuis quand t'as besoin de te défouler de la sorte ? ça marche mal le boulot ? toujours pas de mec ? > je manquais de ricaner, le provoquant maintenant bien plus ouvertement.

Plaqué au sol par mon petit frère, je sifflais contre lui alors qu’il me maintenant plutôt bien. Pour l’instant, j’avais du mal à me dégager et de toute façon, il fallait que je fasse un peu durer le suspens…non ? Attentif à ses mots, je l’écoutais calmement avant de froncer les sourcils. D’où il se permettait de me parler de la sorte ce petit con ? Moi au moins, j’avais un boulot, je ne vivais pas au dépend de notre parternel ! “Dixit le mec qui ne bosse pas et qui paye pour se taper des putains.” Il m’énervait sur le coup. Je n’étais pas d’accord avec ses pratiques que je jugeais immorales. Les geishas n’étaient que de vulgaires prostituées qui baisaient de droite à gauche avec les hommes influents de la ville. C’était à gerber. “Et sache que oui j’ai un mec, ça t’en bouche un coin pas vrai ?” Bon d’accord…En fait, je mentais. C’était mal oui mais depuis le temps qu’il ne m’avait pas vu casé, il allait finir par croire que j’étais encore puceau –et ce n’était pas le cas. Encore sur le sol, je remontais brusquement mon genoux pour lui donner un coup dans les parties avant de le repousser vivement pour me remettre debout. “ça c’est pour la façon insolente que tu as de parler à ton grand frère.”

dixit le mec qui ne bosse pas et qui paye pour se taper des putains. j'arquais un sourcil, outré, maintenant toujours mon frère aîné au sol. je ne travaillais certes pas, même si j'avais un commerce secret avec eden, mais si il y avait une chose que je ne faisais vraiment pas c'était de payer pour me vider - et le pire dans tout ça, c'est que je passais mon temps à le répéter à droite et à gauche. jamais de ma vie je n'avais déboursé le moindre sou pour faire mon affaire. je me savais bien trop beau et charmeur pour ça. < pardon ? > lâchais-je, sans doute avec une pointe de dédain, avant de reprendre. < donner des billets aux putains ? tu crois que je suis le mec qui va dans les maisons closes ou dans les okiyas pour se soulager ? > un rire quitta mes lèvres : sans déconner ? me connaissait-il si mal ? mon amusement, ironique, se transforma en une douleur passagère. frapper entre les jambes c'était vraiment un geste lâche - quelle triche. je me repliais sur moi-même, mon corps criant à l'attentat. <  p-putain. c'est toi la fiotte, on tape pas à cet endroit. > fiotte. mot qu'il détestait mais que j'allais lui servir tous les jours après ça. je me relevais, difficilement, zappant complètement les paroles sur son mec.

Mon frère avait beau dire ce qu’il voulait pour s’expliquer, j’avais entendu les rumeurs qui couraient sur lui et cela ne me plaisait pas du tout. Depuis quand fréquentait-il des Okiyas ? Aucune idée, mais je ne voulais pas savoir ce qu’il y faisait. Tout à fait contre la prostitution et cela, sous toutes ses formes, j’avais envie de le frapper un peu plus fort pour qu’il comprenne qu’il ne devait pas faire mais au lieu de quoi, il me rembarrait avec une question, faisant comme si c’était faux. “Tu te moques de moi ? Les rumeurs courent vite Mason, surtout du côté des flics. Des gens t’ont vu trainer dans le quartier japonais, me prends pas pour un idiot.” Je me sentais légèrement blessé qu’il me mente si ouvertement. J’étais son frère, pas un pote après tout. D’ailleurs, je n’hésitais pas à le frapper là où ça faisait mal avant de me redresser rapidement. Moi, une fiotte ? Il pouvait parler ! “T’avais qu’à pas me retenir sur le sol. Allez debout maintenant, défends toi un peu au lieu de geindre !”

était-on forcément un pervers à l'affût de la moindre proposition sexuelle lorsque l'on traînait dans le quartier japonais ? de nouveau sur mes deux jambes, je le dévisageais : que des clichés. je fréquentais certes un okiya, et non pas tous, mais c'était pour une bonne raison - eden, mon investissement. il était assez con - et manipulable - pour me croire désespéré, c'était vexant. nous avions de bons gênes dans la famille et, même si la prostitution était devenue monnaie courante de nos jours, je ne me comptais pas dans les acheteurs. < je sais même pas pourquoi je suis venu te voir, toi, le beau bouffon de la ville basse. > lâchais-je, piqué à vif, avant de reculer de quelques pas. < et maintenant je me casse, clay. > c'était usant de parler, voire carrément de convaincre, des personnes dans son genre. je n'avais pas de temps à perdre avec lui, cette arène et tous ces vieux alcooliques qui se tripotaient sûrement en nous regardant nous battre.

Cette discussion avec mon frère commençait à tourner au vinaigre et cela n'annonçait rien de bon. J'appréciais beaucoup trop Mason pour être en froid avec lui uniquement parce que nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes. Il s'agissait d'une des rares personnes à qui je tenais réellement et pour qui j'étais prêt à faire beaucoup de sacrifices. Tout dans ses gestes, dans sa voix me prouvait qu'il était énervé contre moi et je ne pouvais pas supporter cela. L'emmener ici avait été une grosse erreur et je ne le concevais que trop tard. En réalité, je l'avais fait venir en espérant pouvoir me défouler un peu et passer un bon moment avec lui par la même occasion. Mon but n'avait en aucun cas été de le remonter contre moi pour des broutilles sans intérêt. Lorsque Mason m'annonçait qu'il partait, je serrais les dents et levais la main pour indiquer la fin du "match". Après avoir prétexté un abandon qui me ferait passer pour une jolie lopette, je quittais la cage et attrapais le bras de Mason au passage pour le tirer hors de l'arène assez rapidement. Une fois dehors, je le toisais du regard et passais une main sur son visage pour vérifier que je ne l'avais pas trop abimé. "Excuse-moi Mason, je pensais pas que ça te saoulerait autant."

Mason avait toutes les raisons de mon vouloir et même si ce n'était pas volontaire, je me sentais soudainement bien idiot face à lui. Vivre loin de lui et ne plus le fréquenter comme aussi souvent qu'avant m'avait presque fait oublier ce qui nous différençiait tant. Malgré ce qu'il pouvait penser, j'avais réellement besoin de me défouler pour évacuer ce surplus d'énergie et un des seuls endroits qui me le permettait se trouvait être cette arène. Je ne l'y avais pas emmené en pensant à mal, mais uniquement en me disant que cela serait bon enfant. Je m'étais toutefois trompé et je m'en mordais les doigts. Passablement mal à l'aise, je passais nerveusement une main dans mes cheveux et regardais ailleurs l'espace de quelques secondes. "Pour les putes, je te dis juste ce que j'ai entendu...Expliques moi pourquoi tu traines dans des okiyas dans ce cas là." J'étais curieux, oui. "Et pour l'arène, je pensais que ça t'amuserait. Je me suis trompé, ça arrive non ?"