je regardais l’heure depuis un moment déjà. je reposai lentement le bout de ma cigarette dans le cendrier posé tout près de mon lit, tentant de faire sortir la fumée par la fenêtre entrouverte, conscient que si mon père découvrait que l’aîné de ses quatre fils se pourrissait la vie, il en serait dévasté. j’attrapai mon porte-monnaie ainsi que mon portable, les fourrant tous les deux dans mes poches arrières, profitant de la fenêtre toujours ouverte pour m’évader de la prison  que formait ma chambre. même si la nuit était plus que noire, j’avais pris la peine d’enfiler mes lunettes fumées, juste au cas où. il ne fallait pas que qui que ce soit me voit, surtout pas à cette heure si tardive de la nuit. je risquerais d’en pâtir et de mettre fin à la réputation de toute ma famille. je passai donc de la ville haute à la ville basse en quelques minutes, me glissant rapidement dans les ruelles, me fondant dans la masse déjà présente. je connaissais ces rues un peu trop bien, ça me surprenait. je passai rapidement les portes de l’Opium, déposant un montant d’argent à l’accueil avant de filer directement vers l’arrière. je savais parfaitement où j’allais, je savais parfaitement ce que je voulais. je cognai trois fois contre la porte qui se présentait devant moi, l’entrouvrant ensuite après n’avoir reçu aucune réponse. un sourd murmure s’échappa de ma gorge, résonnant dans la chambre. « Hanbyeol…? » J’espérais que j’arrivais à un bon moment.

« Non...non vous n'avez pas le droit...c'est vous qui devez prendre du plaisir...pas moi.» Un drôle de bonhomme. Oui c'était bien comme ça qu'il fallait le qualifier. Un drôle de personnage. Il n'était pas venu se vider les couilles, oh ça non. Il cherchait simplement à donner du plaisir aux hosts. Sauf que ce n'est pas son métier. Et j'essaie tant bien que mal de lui faire comprendre, depuis dix minutes déjà. Sauf qu'il a maintenant mon membre entre ses mains. Ce fou me masturbe. De plus en plus vite. Je mordais ma lèvre à sang. Pas question de lui montrer mon plaisir. Il doit partir. « S'il vous plait...stop... » . J'éjaculais après quelques minutes seulement, sur les draps. Sous mon masque dorée, mes yeux s'écarquillaient. J'allais prendre cher pour avoir tâché les draps. Et je me figeais soudainement en entendant ta voix. Quincy. C'est toi. Oh. «O...oui? » Le fou était toujours là. Il souhaitait maintenant me sucer. Que faire?

je sentis un long frisson rouler le long de ma colonne vertébrale. ce que j’entendais ne me plaisait vraiment pas. certes, je savais que c’était le travail de mon cadet, mais je ne voulais pas arriver en plein ébat. sachant, d’ailleurs, qu’une bonne partie de la clientèle de l’opium se constituait de vieux pervers qui ne cherchait qu’à se vider les couilles. je me raclai la gorge pendant un moment, baissant les yeux vers le sol pour prendre une voix bien grave et autoritaire. « Mr Kim, votre temps est écoulé. Veuillez quitter la salle dès maintenant, nous vous en prions. » je me reculai légèrement de la porte, relevant ma capuche sur ma tête, une nouvelle fois, entendant l’homme ronchonner et ramasser ses trucs à la va-vite. il sortait ensuite en trombe, filant du côté opposé auquel je me trouvais. je poussai un long soupir, poussant doucement la porte pour entrer, la refermant avant de la verrouiller, gardant mon dos face à toi. « …Je peux entrer..? »

Je n'en pouvais plus. Je voulais juste qu'il parte. Par sa faute, Père va me passer au fouet. A cause des draps ! Alors que j'essaie de faire très attention. Idiot. J'essaie de le repousser tant bien que mal mais je me figeais une nouvelle fois en entendant ta voix. Autoritaire. Le fou disparaît. Tu m'as sauvé d'une situation pénible. Mon rythme cardiaque reprend normalement. Même si j'ai toujours ce problème des draps sales, j'étais maintenant plus tranquille. Tu entrais. Puis, tu me demandais la permission d'entrer. Un faible sourire naissait derrière mon masque, t'attendant assis au bord du lit. «Tu peux oui...Quincy.» Je me souvenais de ton nom. J'aimais le prononcer, il sonnait étrangement doux à mes oreilles. Même si tu n'étais pas dans mes clients les plus doux, j'avais l'impression que tu étais spécial.... Pour moi.

je poussais un fin soupir de soulagement en entendant ta douce voix. je gardais toutefois la têtes baissée en retirant mon veston, le posant sur un crochet posé tout près de la porte. je laissais mon regard vaguer sur la pièce entière, un long moment, avant de poser mon regard sur ton corps nu, me mordant longuement les lèvres. j’étais presque flatté que tu te souviennes de mon prénom. je marchais lentement vers le lit, m’assoyant à tes côtés, ma main se glissant doucement contre ta cuisse. mon autre main remontait vers ton masque pour le relever lentement, posant un tendre baiser contre tes lèvres. je savais que je n’avais pas le droit d’en voir plus, mais ton visage me manquait. la seule fois où je l’avais vu m’étais restée ancrée dans la tête. ma main glissa lentement, frôlant ton épaule pour retomber contre ta hanche, murmurant doucement. « il ne t’a pas fait mal..? as-tu besoin de quoi que ce soit…? » oui, je m’inquiétais. ce n’était pas normal, face à un prostitué, mais je ne pouvais m’en empêcher.

Quincy. Toi. Je te connaissais par coeur. Je connaissais ta silhouette, je connaissais ton regard, je connaissais ton corps, je connaissais ton odeur. J'aimais toutes les sensations que tu m'apportais. Même la violence devenait appréciable avec toi. Je regardais chacun de tes faits et gestes et sous mon masque, mon fin sourire ne disparaissait pas. Puis, le lit grinça légèrement lorsque tu t'asseyais. Au moment où ta main entra en contact avec ma peau de porcelaine, je fus secoué d'un léger frisson. C'est alors que je sentis tes lèvres sur les miennes, douces, pulpeuses. J'aurais voulu continuer mais je ne le faisais pas. J'attendais simplement tes ordres. Et j'étais alors légèrement surpris de tes questions. « Non je...j'ai l'habitude. Et je ne désire que ce que tu désires. Dis-moi ce que je dois te faire, ce soir. »

je laissai lentement le bout de mon pouce glisser contre ton menton, retraçant lentement ce dont je pouvais en voir. je m’étais fait à l’idée que je ne verrais plus ton visage de si tôt, puisque c’était l’une des règles de l’opium. et pourtant, tu en avais fait abstraction une seule fois, me laissant le privilège d’imprégner tous les détails de ton faciès en ma mémoire. je me mordis lentement la lèvre, poussant un peu plus ton masque, sachant parfaitement que je n’en avais pas le droit, m’accrochant de nouveau à tes fines lèvres, reprenant l’échange précédemment coupé. « je n’ai pas d’ordre… je veux seulement passer du temps avec toi. tu me manquais… » c’était peut-être bizarre d’affirmer ceci, mais c’était vrai. j’avais ressenti le besoin de venir te voir le jour même après notre dernière rencontre, me forçant toutefois à rester à la maison. je laissai doucement le bout de mes doigts valser contre la peau de ta cuisse, tirant doucement contre celle-ci pour que tu te retrouves à cheval sur moi, un fin sourire accroché à mon visage. « c’est toi que je désire. »

Je te manquais. C'était la première fois que j'entendais ce genre de chose. Quelle jolie phrase... Je comptais pour toi. Moi Han Byeol, pauvre pute de l'Opium, je comptais pour quelqu'un. «Quincy je...je suis heureux quand tu entres dans ma chambre.... » La vérité. Je ne savais dire que ça. Trop honnête. Trop gentil. Alors pourquoi m'a t-on enfermé dans cette chambre? Je soupirais doucement. Nouveau contact avec tes lèvres charnues. Le baiser se prolongea. De nouvelles sensations imprégnaient mon corps. Je me fichais que tu brises la contrainte du masque. Parce que c'est toi. Puis, je me retrouvais à califourchon sur toi. « Je....je te désire aussi...fortement.» Je laissais tomber le masque. Pas seulement au sens figuré. J'avais viré mon masque pour venir récupérer un nouveau baiser. Étais-je devenu fou?

tes paroles me firent étonnament chaud au cœur. mes mains parcoururent lentement la pulpe de tes cuisses, prolongeant sans attendre le baiser que tu m’offrais. je ne savais plus vraiment quoi penser. je savais que ce que je ressentais n’avais rien d’ordinaire; qui tomberait amoureux d’une simple prostitué? pas un homme normal. je ne devais pas être normal. je poussai un fin sourire contre tes lèvres, remontant une main le long de ta colonne vertébrale pour que mes doigts s’accrochent à ta fine chevelure, reglissant ensuite pour caresser ton menton. tu étais tellement plus magnifique sans ce foutu masque. « je te promets que je te ferai sortir d’ici… » je refermai tendrement mes bras sur ton corps, nous faisant tous les deux basculer vers le côté. mon visage se nichait immédiatement au creux de ton cou, y mordillant lentement la peau, joueur. pourquoi recherchais-je autant ce genre de contact? pourquoi me sentais-je bien lorsque hanbyeol se retrouvait entre mes bras? tout ça n’avait pas de sens. pas plus de sens que ma main baladeuse qui s’insinuait entre tes cuisses, caressant chaudement ta peau laiteuse.

Maintenant, tu me faisais une promesse. La promesse de sortir d'ici. Mon coeur battait à tout vitesse dans ma poitrine. Que m'arrivait il? Serais-je réellement amoureux de toi? Oui c'était ça. J'avais mis le doigt sur le sentiment. Tandis que les tiens caressaient mes cuisses, ma colonne, mes cheveux, moi. Je ne me retenais pas longtemps de ronronner comme un chat, entre tes bras. Mon dieu, comme c'était grisant l'amour ! Ce sentiment pouvait-il réellement nous faire des grandes choses ? « Quincy...quand tu es à mes côtés je me sens...humain. » J'avais réussis à le regarder dans les yeux en lui disant cela. Puis, je ne pouvais empêcher un petit couinement de s'échapper d'entre mes lèvres lorsque tu mordillais mon cou. Est-ce qu'on avait le droit d'être amoureux, à l'Opium ? L'amour n'a t-il vraiment aucune limite ? Quincy tu m'aimes ?

tes derniers mots. les pensais-tu vraiment ou disais-tu cela pour me faire plaisir? je savais très bien que je n’étais pas le premier à passer dans ton lit. tu devais également savoir que tu n’étais pas le premier à passer dans le mien, non plus. peut-être vous avaient-ils apprit à satisfaire vos clients dans tous les sens possibles, même émotionnellement. je ne pouvais être certain de rien. j’esquissais un fin sourire, déposant délicatement mon front contre le tien pour ficher mes prunelles dans tes yeux, penchant un peu la tête sur le côté. « je me sens très bien, comme ça… » je n’arrivais pas à mettre un mot sur ce que je ressentais. j’avais tenté de faire le point, de mettre mes idées en place, mais je n’avais jamais réussit à trouver les mots exacts. je resserrai une nouvelle fois mes bras à ta taille, embrassant chastement tes lèvres, ma voix se faisant plus basse et plus sensuelle. « dis-tu ça à tous tes clients..? »

On m'avait appris à bien me tenir. On m'avait appris à assouvir les désirs et les fantasmes, même les plus affreux, sans broncher. On m'avait appris à sourire en permanence, de ce faux sourire hypocrite et soi-disant bienveillant. On m'avait appris à simuler si le contact ne passait pas. Tout ça, je l'avais fais des dizaines de fois, voire des vingtaines ou des trentaines. J'avais finis par prendre le pli, par passer au-dessus des mauvaises choses, par accepter l'horreur et la souffrance. On m'avait également appris des phrases toutes prêtes, avant les ébats, après les ébats. On pouvait les modeler à nos sauces. Mais ses phrases, je m'en étais servis qu'à mes débuts. Sauf que je les avais trouvé vides de sens. Mais avec toi, c'était autre chose. Elle était sortie comme ça, elle était pleine de vérité. Mes iris plongés dans les tiennes, je te fixais en silence, jusqu'à ce que tu m'embrassais de nouveau. Je vins ensuite glisser mes doigts dans tes cheveux, timidement. « Je n'ai envie de le dire qu'à toi... »

je fermais lentement la yeux à l’entente de tes mots. mon être tout entier fut secoué d’un agréable frisson, caressant tendrement la hanche qui se trouvait sous mes doigts. je ne comprenais pas pourquoi tu agissais ainsi. je ne comprenais pas pourquoi tu voulais m’accorder plus d’importance qu’aux autres alors que je payais tout simplement pour tes services. mes iris noirs se posèrent de nouveau dans les tiens, bougeant un peu sur le côté pour me retrouver à cheval sur toi, mes doigts s’accrochant à mon haut pour le soulever, le retirant pour le lancer un peu plus loin, près de la porte. je me glissai ensuite vers l’avant, mes lèvres parcourant ton torse nu, mordant ici et là la peau à ma disposition. « demain, je vais te faire sortir… » c’était peut-être soudain, mais j’avais envie de le faire sortir de cet enfer. j’avais envie de passer une soirée normale dans un endroit normal, avec lui. « si ça te convient, bien entendu. » pourquoi pas ce soir? parce que son corps m’avait manqué et que même si ce n’était pas trop apparent, j’avais franchement envie de lui.