Je préparais la pièce, mes mains passant de la table au sol à une vitesse assez impressionnante. Le saké était sur la table avec deux verres couleur rouge cramoisie. Mes cheveux blonds, colorés récemment, me tombant sur mes yeux et m'empêchait parfois de voir correctement ce que j'étais entrain de faire. Je faisais en sorte que la pièce soit le mieux rangée possible. Pour l'occasion, j'avais préféré prendre une pièce qui servait à la cérémonie de thé plutôt que ma chambre, qui était dans un désordre incroyable à cause de mon dernier client. Je passe les détails, personne n'a envie de savoir ce qu'il s'est passé là dedans. Mais la seule chose à retenir était la douleur lancinante qui se propageait dans le bas de mon dos. Je fermais le placard en bois noir laqué, et me retournais vers la table en bois brun. Je jetais un dernier coup d'oeil au miroir pour y voir mon reflet et le kimono noir, sobre, que je portais. Sans artifice, il était simple. Noir avec des légers dessins blancs, une seule couche cette fois, un obi en ficelle brune foncé, très basique. Je fis glisser les coussins blancs à leur place, et m'installais près de la fenêtre, le temps que Mason arrive. Mon regard se posa sur les passants de la haute ville qui se baladait aux bras de Geisha. Il n'allait sûrement pas tardé.

notre dernière discussion s'était mal terminée et je n'avais franchement pas envie de revenir dessus. j'en avais marre d'essayer d'aider, de m'expliquer, de valoriser mes arguments. c'était usant. voilà, j'étais usé. c'était le terme. samuel m'avait cependant contacté pour qu'on parle d'eden et de ses progrès : tant mieux si mon initiative avait pu lui permettre de s'améliorer ou, tout simplement, de s'épanouir. rancunier, j'avais accepté mais avec une pointe d'amertume. je les voyais d'ici me sourire avec ironie, me cracher au visage que le poulain était une merveille très polie, très belle, très tout. j'avais peut-être exagéré en disant qu'il n'était rien. ce n'était évidemment pas le cas sinon j'aurais jamais fait de tels investissements. mais ça avait été ma façon de le motiver et, quelque part, ça avait marché. je me pointais donc à l'okiya, fatigué par une longue semaine de travail. si notre entrevue devenait un enfer, je partirais. je ne me sentais pas patient pour un sou. c'était triste, mais vrai. je toquais à la porte de la petite pièce, attendant que l'on m'autorise à entrer - j'étais respectueux.

Je réajustais le col de mon kimono, faisant attention à comment j'étais habillé. Je voulais pas paraître trop dévergondé non plus, j'étais sensé être une geisha, mais bon, je n'avais pas vraiment goût à l'être dans l'instant. Un sweat & un jogging m'aurait tout autant plût. A la seule différence que si je portais un kimono, j'étais une geisha & que si je portais un jogging, j'ai une personne lambda. Un soupir traversa mes lèvres alors que je réfléchissais à ce que j'allais dire à Mason à propos d'Eden. Il avait fait de gros progrès par rapport au tout début, et son premier rendez vous avec un client s'était plutôt bien déroulé alors bon. Je passais une main dans mes cheveux avant de les remettre correctement en entendant frapper à la porte. Je me déplaçais pour ouvrir doucement la porte. Entrez. Non, je ne me permettais pas de le tutoyer. Tant que j'étais dans cette okiya, je n'avais aucunement le droit de le faire. Vous allez bien? formule d'usage.

Je l'observais un instant, mes yeux parcourant rapidement la personne que j'avais en face de moi. Tout va bien, merci. Formule d'usage numéro trois. J'allais très certainement pas balancé à quel point je ne me sentais pas aussi bien que je devrais l'être. Mais soit, j'allais bien, pour mes clients & d'autres, les exceptions, dirons nous. Enfin, Mason était en quelque sorte un client, qui ne payait pas parce que je prenais tout sur ma note quand il venait, pareil pour Eden. Je m'installais sur un des coussins en tentant de cacher une légère grimace, et servit rapidement les deux verres de saké. Je pensais que vous vouliez des nouvelles de Eden. Etant donné qu'il ne m'a pas parlé de vous, j'ai pris l'initiative. Je pris mon verre entre mes mains pour en prendre une légère gorgée.

je me retenais de sourire ; évidemment qu'eden n'avait pas parlé de moi - ça ne m'étonnait pas du tout et ça me faisait me demander, pour la millième fois, ce que je venais, bordel de dieu, foutre ici. je n'étais pas en chien et je n'avais certainement pas besoin d'aller dans les lieux où l'on ne m'attendait pas. je trouvais ça humiliant. je dissimulais mon amertume comme je le pouvais, en rien désireux de reproduire l'ambiance pourrie qui s'était développée lorsque nous étions au restaurant, soufflant. < que devient-il ? > si ça m'intéressait vraiment ? oui et non. j'avais essayé de le pousser au sommet, avec sévérité d'accord, mais j'avais quand même essayé. tant mieux si maintenant il y était.

Je sentais bien que ça l'emmerdait d'être là. Mais si ça le saoulait tant que ça, il n'avait qu'à décliner l'invitation que je lui avais fais parvenir, après tout, c'était dans son droit. Je ne savais pas ce que j'avais bien pu faire, mais dès le début, je sentais bien que l'ambiance n'allait pas être aux réjouissances. Et c'est pour cela que je reprenais une gorgée d'alcool, dans l'espoir que ça me fasse à peu près oublier la tête de six pieds de long que tirait Mason, et l'ambiance pesant qui commençait peu à peu à prendre place. Il se débrouille bien. Il apprend vite, mais bon, il a bien comprit que s'il n'y donnait pas du sien, il n'arriverait à rien. Il a eu son premier client hier, et j'ai eu de bons retour de la part du client, donc bon. Il s'en sort plutôt bien.

Ma patience avait des limites, et aujourd'hui, autant dire que la limite n'était pas loin, et si jamais l'ambiance venait à se plomber encore plus, autant dire que la pendaison ne serrait pas loin. A force d'être geisha, on apprend a contrôler sa patience, mais il y avait un moment où ça suffisait, où c'était juste de trop. A force d'enchaîner les clients malsains sans aucune once de gentillesse, et ceux trop cons pour comprendre un traître mot d'une conversation un minimum polie, il y avait le raz le bol qui s'imposait. Oui. Je suis assez fier de ses progrès. Il est arrivé ici, il avait du mal avec la politesse, et maintenant, il se débrouille bien avec. Il est doué. Ce n'était pas à proprement parlé mon poulain, mais je me sentais quand même fier d'avoir un apprenti qui apprenait vite, mais bon, je lui imposais le rythme qui allait avec aussi. Il y avait eu des semaines où si il avait eu deux nuits complètes, c'était le grand maximum. Je relevais mes yeux vers mon interlocuteur lorsque celui ci me demanda si ça allait. Bien sûr, pourquoi?

c'était une bonne nouvelle. sam avait visiblement pu inculquer des valeurs que, moi, je n'avais pas réussi à lui transmettre. pas la même patience, pas la même pédagogie, pas la même générosité, qu'en sais-je. en tout cas, c'était différent et c'était mieux comme ça. je n'avais pas la carrure d'un paternel et ce n'était pas demain que ça arriverait - pas avec quelqu'un n'appartenant pas à ma famille ou quelqu'un n'étant pas extrêmement proche de moi. < nickel alors. > dis-je en posant mes mains sur mes cuisses. peut-être que, finalement, nous pourrions commercer ensemble en paix. ce n'était pas vraiment ses compétences sexuelles que j'avais cherché à améliorer en le faisait entrer ici, mais son éducation. < je sais pas, tu m'as l'air... blessé. > je glissais ma langue contre l'intérieur de ma joue, me doutant que le sujet était sensible.

Comme prévu avec Samuel, le client de ce soir devait arriver à la tombée de la nuit et par conséquent, j'avais passé plus d'une heure à me préparer à l'aide d'un autre apprenti. Habituellement, mon grand frère me maquillait et me coiffait mais pour une fois il était occupé. Cela m'énervait de ne pas avoir son appui avant mes rendez-vous avec de nouveaux clients. Pourquoi ? Sûrement parce qu'il savait trouver les mots pour me détendre un peu et m'empêcher d'angoisser pour rien. Bien préparé et fin prêt à m'y rendre, je me rendais dans l'entrée de l'Okiya, suivit de près par mon Père qui m'informait d'un changement de dernière minute. Mon client avait décidé d'annuler sans avoir donné plus d'explications et la frustration que je ressentais en ce moment était palpable. Alors quoi ? Il me donnait rendez-vous et ne daignait pas bouger son cul de bourge ? Agacé, je me résignais à retourner dans ma chambre vide jusqu'à ce que l'autre apprenti me prévienne que Samuel ne semblait pas dans son assiette. Aussitôt, je me redressais et le cherchais dans tous l'Okiya, ouvrant les portes coulissantes sans me soucier de savoir qui s'y trouvait. Lorsque je tombais finalement sur lui, je posais un pied dans la pièce avant de remarquer qu'il n'était pas seul. Pourtant, je ne partais pas et me contentais de détailler Mason en silence. Qu'est-ce qu'il faisait ici ? "Bonsoir..." Un peu pris de court, j'essayais d'être poli sans pour autant lui sauter un cou comme un petit chien avant de me rapprocher lentement de Samuel avec une pastille dans la main que je déposais dans la sienne discrètement. S'il avait mal, ça l'aiderait à faire passer la douleur. "Vous allez bien ? Je ne savais pas que vous aviez invité Mason. Père m'a dit que je pouvais vous rejoindre, vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ?" Instinctivement, je posais ma main sur la cuisse de mon ainé. J'avais envie de le serrer dans mes bras et de lui demander s'il voulait que je fasse quelque chose pour qu'il aille mieux mais je ne pouvais pas. Pas devant Mason.

Si j'allais bien? non, bien sûr que non que ça n'allait pas, mais je n'allais certainement pas le dire à haute voix. Non mais enfin. Je pouvais pas tout ramener à moi non plus, et ce n'était pas dans les pré-directives que j'avais en tant que Geisha. Il fallait toujours, toujours, se concentrer sur le client et sur personne d'autre. "notre personne est insignifiante", c'est ce que l'on nous disait. Nous étions là pour nous occupez du client, et très certainement pas l'inverse, c'était ainsi. Et je devais donc garder a douleur qui me brûlait les reins pour moi. Non, tout va bien, je vous assure. Je lui fis un petit sourire, comme pour assurer qu'il n'y avait rien du tout. Et au moment même où je m'apprêtais à prendre une nouvelle gorgée, la porte coulissante s'ouvrit brutalement et je déposais mon regard légèrement agacé sur la personne qui entrait. Eden. Bon, ce n'était pas grave alors, si cela avait été une autre Geisha, ça aurait été autre chose. Je l'observais jusqu'à ce qu'il se cale vers moi et glisse une pastille dans ma main que je dissimulais. Je ne pouvais pas la prendre comme ça. Je pris alors la gorgée que je voulais avant de parler. Non, je ne pense pas que cela gêne. Qu'en dites vous, Mason? Enfin, de toute façon, nous parlions de toi, donc bon. Je jetais un oeil discret sur la main d'Eden posé sur ma cuisse avant de reporter mon regard sur Mason, un léger sourire sur mes lèvres.

samuel ne désirait pas en parler et je n'allais pas insister - c'était pour lui. je soufflais, faiblement, gardant mon verre de saké dans les mains : qu'allait-on ajouter à cette conversation ? je m'apprêtais à prendre une nouvelle gorgée quand je vis eden entrer dans la salle après avoir brièvement toqué. il était apprêté - il sortait ou se rendait sûrement à un rendez-vous - et ça lui allait bien. il dégageait tout de suite quelque chose de plus classe, de plus élégant, de plus désirable quand il était vêtu ainsi. < bonsoir. > lâchais-je en croisant les jambes avant de porter le verre à mes lèvres pour boire. je les regardais alors, sans vraiment écouter ce qu'ils disaient, concluant qu'ils avaient développé une relation probablement plus qu'amicale. < ça ne me dérange pas. > ajoutais-je, calme et décontracté, alors que je reposais l'ustensile sur la table.

Réellement soucieux de son bien être, j'avais presque envie de demander à Mason de partir pour m'assurer qu'il allait bien. Entre apprentis et geishas de l'Okiya, nous faisions attention les uns aux autres et lorsqu'un client se comportait mal, ça se savait rapidement. Conscient que je ne pouvais pas aborder le sujet devant un client même s'il s'agissait de Mason, je m'asseyais aux côtés de mon ainé et observais la table avec attention. Des verres vides, ça ce n'était jamais bon. Aussitôt, je me penchais pour attraper la bouteille et les servir à nouveau comme il me l'avait appris. Je tremblais un peu, probablement parce que j'étais énervé qu'un homme ait pu se montrer brutal avec lui mais j'essayais de le cacher en souriant. "ça faisait longtemps" ajoutais-je alors à l'égard de Mason qui ne semblait cette fois-ci pas décidé à me refaire portrait. "Samuel vous a dit que je travaillais bien ? C'est grâce à lui, même s'il ne l'avouera pas." Un sourire amusé se dessinait sur mon visage alors que je me servais à mon tour un verre. J'avais beau être jeune, j'avais aussi envie de boire !

Il était presque difficile pour moi de rester assis tellement la douleur était insupportable, mais bon, je n'y pouvais pas grand chose, il fallait que je me contente de ça. Et quand j'y repensais, ce n'était rien comparé aux douleurs que j'avais subis lorsque je faisais mon apprentissage, un peu de patience et de concentration et j'arriverais facilement à oublier la douleur. C'était presque magique en fait. J'observais les gestes d'Eden avec attention, pour voir s'il les faisait bien correctement, et bien qu'il tremblait légèrement, il ne se démerdait pas trop mal, et ça,c 'était bien, c'était bon signe. Je fus même surpris qu'il commence à vouvoyez Mason alors qu'ils se connaissaient depuis un moment, à ce que j'avais compris. Mais je ne disais rien. J'eus un léger sourire. Ne dis pas n'importe quoi, c'est uniquement parce que tu voulais travailler que tu as réussi. Tu n'aurais pas voulu, j'aurais pu te priver de sommeil que tu n'aurais pas réussi. C'est une question de volonté.

eden me vouvoyait ; victoire, je savais qu'il s'épanouirait très bien ici et que cette image qu'il se tuerait à travailler serait dix fois plus attirante que celle de l'adolescent arrogant de la ville basse. cela faisait plaisir à voir, et à entendre surtout, et mon sourcil levé en témoignait sans le moindre doute. je n'étais pas choqué, mais presque. finalement, il s'avérait être un bon élève et c'était une merveilleuse nouvelle. < oui. samuel m'en a effectivement parlé. > lâchais-je, jambes toujours croisées, avant de le remercier d'un léger signe de tête et de récupérer mon verre d'alcool. < je ne doute pas de son sens de la pédagogie, mais tu dois bien y être pour quelque chose aussi. > mon compliment était subtil mais décelable : ce n'était pas mon genre de dire des choses gentilles de façon trop directe et mon poulain le savait plus que bien. < dans tous les cas, certains progrès sont évidents. > continuais-je, un fin sourire se dessinant sur mes lèvres. j'avais bien cru, il y a des semaines de ça, qu'on ne pourrait vraiment rien faire de lui. mon calcul s'était avéré faux et ce n'était pas plus mal. les affaires allaient reprendre.

Ah ! ça lui en bouchait un coin à Mason, que je sois capable d’être poli et calme ! Amusé par cette situation, je restais néanmoins très silencieux pour ne pas paraître mal-élevé. Après tout je voulais qu’il remarque mes efforts au lieu de constater qu’il avait eu raison en pensant que je n’étais pas fait pour ça. Pour l’instant tout se déroulait bien et je n’allais pas m’en plaindre. Toujours aussi calme, je ne pus néanmoins pas m’empêcher d’écarquiller les yeux à son autre remarque. Mason, le mec qui était prêt à me balancer une droite il y a quelques semaines, venait presque de me faire un compliment. L’espace d’un instant, je faillis lui demander s’il avait de la fièvre mais je m’étais contenu pour ne pas qu’il comprenne que ça me surprenait énormément venant de lui. Toutefois touché qu’il l’avoue, je tirais alors légèrement sur la manche de mon ainé pour lui offrir un sourire amusé. “Vous lui avez aussi dit qu’au lit j’étais meilleur ?” Quoi ? Je connaissais Mason bien avant qu’il ne me foute dans un Okiya et par conséquent, il n’allait pas être choqué par mes propos. J’avais envie de taquiner Samuel et d’observer ses réactions vis à vis de ma remarque. Allait-il répondre honnêtement sans prendre le temps de réfléchir ou allait-il trouver une explication toute faite à lui donner ? Cela m’intriguait.

Je souriais légèrement, et acquiesçais doucement à chacune de ses remarques. Il était vrai que ses progrès étaient évidents, c'était fou. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse progresser aussi vite. Je ne sais pas si c'était mon traitement qui faisait ça, mais en tout cas, il avait apprit bien plus vite que je ne l'aurais pensé, et j'étais franchement fier de lui en tout cas, vraiment fier. Néanmoins, je manquais de m'étouffer avec l'alcool que j'avais dans la bouche lorsque je l'entendis parler de ses compétences au lit. Oh mon dieu. Il avait vraiment dit cela? J'avais envie de l'égorger sur place ! Pourquoi, surtout les sujets qu'il y avait à aborder, il fallait qu'il parle de cela? Oh mon dieu quoi.. Je fis un petit sourire à Mason avant de finir mon verre pour le reposer contre la table. En effet, il s'est amélioré aussi dans cette matière là. Mais il n'y a pas que ça. Je me retenais franchement de le fusiller du regard, mais bon, je ne pouvais pas.

En posant de telles questions je savais pertinemment que mon ainé serait gêné et cette idée me plaisait beaucoup. Lorsque Samuel commençait à perdre ses moyens, je le trouvais terriblement mignon en plus de savoir qu'il me "punirait" sûrement par la suite d'une manière bien personnelle. Attentif à notre invité, je tournais la tête pour poser mon regard sur lui avant d'acquiescer à sa question. "Oui, même si c'est fatiguant" Il voulait que je sois honnête après tout, non ? Lentement, je portais le verre à ma bouche et le buvais avant de le reposer sur la table. "Vous allez vous faire plein d'argent grâce à moi, n'est-ce pas ?" C'était peut-être malpoli de poser ce genre de questions, mais Mason restait un étudiant que j'avais connu pour ces raisons et avoir une discussion trop sérieuse avait lui était perturbant. "Mason. Vous êtes toujours fâché contre moi ?"

J'étais heureux, quand même, de voir que Mason et Eden ne s’entre-tuait pas dans la pièce. Et en voyant Eden débarqué, j'avais bien cru que ça aurait pu arrivé. Après tout.. Ils ne se parlaient plus, si j'avais bien compris, et la rancune était toujours présente. Pourtant, je voyais bien que d'un côté, Mason était heureux de l'avoir vu changé ainsi, et il n'était pas le seul à en être satisfait. J'étais fier de lui. J'eus un léger sourire aux mots d'Eden et me tournait vers lui, un petit rire sortant de mes lèvres. C'est possible que oui, en effet. Ton premier client t'apprécie déjà, c'est un bon début je dois dire. Je remplis rapidement mon verre et le porta doucement à mes lèvres, laissant alors Eden parler avec Mason sans les interrompre. Après tout, ils avaient sûrement des choses à se dire.

Parfois je devais avouer que Mason m'agaçait passablement. Ce type ne se préoccupait que de l'argent qu'il pouvait se faire grâce à moi et cela me vexait beaucoup. J'avais toujours espéré qu'il me considérait un jour comme un ami ou du moins comme un égal. Evidemment, cela n'était pas prêt d'arriver et l'idée de lui faire part de ma frustration à ce sujet m'avait maintes fois effleuré l'esprit. Seulement voilà, depuis que j'étais devenu une Geisha, je ne pouvais plus me permettre de l'aborder comme je le faisais avant et je me devais de rester poli en toutes circonstances. Attentif à chaque mot qui sortaient de la bouche de mes ainés, je restais de marbre face à leurs remarques avant de relever la tête pour fixer Mason sans cacher ma surprise. Sur le coup, il me surprenait et pas qu'un peu. Il s'agissait bien d'une des premières fois qu'il me faisait un compliment. Lui, Mason...Je n'en croyais pas mes oreilles. Réellement sur le cul, je restais silencieux et brisais le silence en resservant mes ainés. "Assez attirant pour que vous vouliez passer une soirée avec moi ?" Sa réponse m'intriguait. Je voulais savoir si ce type était toujours le sombre connard que j'avais fréquenté à l'université. Si oui, il me rierait au nez et me dirait que non, si j'avais tord, il me répondrait probablement oui. Qu'allait-il faire ? Lentement je tournais la tête vers Samuel et lui offrais un petit sourire complice. "Ce serait l'occasion de vous montrer mes progrès, n'est-ce pas Samuel ?" Ce dernier allait rapidement comprendre mes sous-entendus et je me demandais ce qu'il en penserait. Serait-il jaloux de cette proposition faite à Mason ?

Je les laissais parler, discuter, en m'excluant naturellement de la discussion, écoutant simplement. Je préférais écouter plutôt que de mêler à leurs histoires, après tout.. C'était leur problème, leur discussion maintenant. Je me devais de faire profil bas et de surtout rien dire du tout. Et pour cela, je buvais, un verre, deux verres, trois verres, et j'enchaînais avec le quatrième sans m'en soucier plus que ça. Néanmoins, l'interrogation de Eden me tendit légèrement, et je me crispais un peu, mes doigts se serrant sur le verre. Je tournais mon visage vers Eden, le regard un peu plus sombre qu'à mon accoutumé, mais bon, ils n'allaient certainement pas le remarquer après tout. En effet, ce serait une bonne occasion. l'hypocrite que j'étais ressortais, c'était mal, mais je n'avais pas envie de dire la vérité, comme quoi ça me gênait. Oui, j'étais jaloux sur ce point là. Je savais qu'il se tapait des mecs, que ce soit clients ou non, mais réellement savoir, c'était une autre chose.

il mettait la charrue avant les bœufs. il avait peut-être fait des efforts mais il fallait vraiment avoir du culot pour poser une telle question - ou ne serait-ce que sous-entendre qu'il avait le niveau pour qu'on couche ensemble. il était mon prostitué, pas mon amant. je n'étais pas comme 3/4 des macs, à tester ma marchandise pour ensuite la louer aux clients. non, notre relation était parfaitement définie depuis notre rencontre et je ne comptais pas avoir des relations sexuelles avec lui. jamais. ça serait lui laisser une porte ouverte sur ma vie personnelle et il se prenait déjà bien trop pour mon ami depuis quelques mois. fin sourire aux lèvres, mes jambes étaient restées croisées. < désolé, mais je ne préfère pas qu'on mélange nos positions actuelles. > soufflai-je après que samuel ait confirmé sa proposition. j'étais conscient de ses efforts et, même si les deux avaient l'air d'être beaucoup plus qu'apprenti et grand frère - et que donc l'opinion du plus vieux pouvait être aisément influencée - je n'avais aucune envie de coucher avec eden. < je crois samuel, je ne vois pas l'intérêt de te mettre à l'épreuve. > ajoutai-je avant de me redresser, finissant mon verre d'alcool. < puis, je n'ai pas le temps pour ça. en dehors du fait que, et tu le sais, je ne couche jamais avec des prostituées. > je sentais d'ici les répliques cinglantes arriver en trombe dans leurs esprits.