L'avantage de l'Université, c'était que les cours n'étaient en masse et donc que les après-midi étaient souvent libres. Et quand il faisait beau comme ça, j'en profitais toujours pour aller lire mon énième bouquin de ma semaine dans le parc du Campus. Rares étaient les personnes à y aller, préférant les salles de sports ou tout simplement la ville. Mais rentrer chez moi, dans mon appartement un peu vide, sachant que mon père finirait de travailler tard et que donc je resterais seul durant toute la soirée, ça ne me tentait pas vraiment. Alors, j'avais pris un livre à la bibliothèque, un mystère policier d'un écrivaine anglo-saxonne, Agatha Christie. Le banc sous le grand saule pleureur était l'endroit idéal pour ce genre de chose, il n'était pas très loin des terrains de sport, mais suffisamment pour y être tranquille. Alors, sans un mot, je m'y étais assis en tailleur et m'étais plongé dans les mots et les phrases qui me fascinaient, mon esprit analysant de lui même les syntaxes, les métaphores et la philosophie du texte. Et rien n'aurait put me sortir de cette lecture, si ce n'était un ballon qui roula jusqu'aux pieds du banc, entrant dans mon champ de vision et me décrochant du livre. Un ballon de basket ? J'arquais un sourcil et posais mon livre pour attraper la sphère orangée entre mes paumes, le regardant comme on regarderait un objet inconnu.

J'avais longuement réfléchis, est-ce que se remettre au basket était une bonne chose ? J'usais déjà toutes mes forces et mon temps à danser. Et pourtant, sans ce sport j'aurais passé ma vie assis derrière un bureau alors j'avais récupéré un ballon et j'étais sortit de la salle d'entrainement pour aller sur les terrains de sport. Vu que j'étais étudiant ici et que les terrains n'étaient pas prit je n'eus pas besoin de me justifier sur ma présence ici. Alors choisissant juste un panier j’enchaînais les dribles contre un adversaire imaginaire puis tirait. La balle rentra, je n'avais rien perdu. Un petit sourire satisfait naquit sur mes lèvres alors que je trottinais jusqu'à ma balle pour la récupérer. Malheureusement ce ne fut pas mon contrôle de la balle qui me servit. Fier de cette réussite brève j'avais essayé de passer mon pied sous la sphère orangée pour la soulever et la mettre dans mes mains. Mon contrôle au pied avait toujours été nul, c'était d'ailleurs pour ça que j'avais fait du basket et non du foot. Je soupirais alors que je courrais après ma balle que j'avais expédié un peu plus loin. Je fus d'ailleurs assez surpris de voir déjà quelqu'un l'avoir. Génial. Je détestais ses situations, si bien que je fus tenter d'abandonner ma balle et de rebrousser chemin. Hm. Je soupirais doucement alors que je comblais le chemin entre l'inconnu et moi.
« Excusez moi ? Je pourrais ravoir mon ballon ? »
Je fis un petit sourire gêné, ma fossette creusant ma joue et mes yeux se plissant légèrement.

Ce fut le bruit de tes pas sur le sol qui me fit lever la tête. Jamais je ne me laissait surprendre, je restais attentif au moindre son, au moindre bruit, à la moindre chose qui bougerait dans mon champ de vision. Alors, je te regardais arriver de mes petits yeux, sachant déjà que tu venais pour le ballon. Tu avais une allure sportive, un peu frêle mais énergique. Et ton visage paraissait avoir été dessiné avec une finesse encore inconnue pour moi. Puis, il y eu ces fossettes dans le creux de tes joues, rendant ton visage enfantin mais calme et confiant. Tu avais une voix douce aussi, ni trop grave, ni trop peu. Une voix masculine banale dirais je, mais il ne faut jamais juger aux premiers regards et surtout quand on ne connait pas. Après tout, qui pouvait savoir que je possédais une voix puissante capable d'atteindre des notes aigus ? Personne, tout simplement parce que personne ne me connaissait. Alors je préférais ne rien penser.

Sans un bruit, ni un mot, je te tendais ton ballon, plantant mes yeux dans les tiens, d'un geste fluide et aérien, sans brusquerie ni lassitude. Après tout, tu devais bien jouer, et il te fallait ton partenaire principal pour ça. Comme moi il me fallait un livre et un marque page. D'ailleurs, ce dernier s'envola dans une douce brise, m'arrachant une plainte et un air dépité, mais qu'aurais-je pus faire avec deux mains occupées ?

Je rattrapais avec aisance la sphère, un petit sourire forcé de remerciement sur les traits. Je n'aimais pas sourire, à quoi ça pouvait bien servir. Je vis ton dépit lorsque tu perdis ta page, je ne lisais presque plus, je n'avais pas assez de temps. Trop de sport, trop d'activité. Un petit soupir passa mes lèvres alors que désignant du pouce le terrain derrière moi je te proposais, à tout hasard.
« Vous voulez venir jouer avec moi ? Vu que de toute façon vous avez perdu votre page ? »
Je voulais surtout avoir quelqu'un avec qui jouer, bien que vu ton expression à l'envol du marque-page tu devais aimer lire, moi j'aurais juste soupirais, savais-tu au moins les règles ou comment dribler..? Même pas sûr.

Je ne pus que soupirer après que tu es repris ton ballon, fixant mon livre où les pages avaient volé pour se perdre et abandonner la ligne où je m'étais arrêté. Mais ta proposition me sortit de mes pensées. A vrai dire, elle me surprenait franchement. tu semblais sportif, énergique, et adroit avec tes mains. Et il devait être évident de distinguer que le sport n'était pas ma tasse de thé. C'était surtout que je n'aimais pas ça, pas que je n'étais pas doué. Mon père m'emmenait souvent faire du sport avec lui, pour mon bien disait-il. Je le suivais toujours à contre cœur mais je le suivais.

Alors, après un instant de réflexion, je hochais la tête et me levais face à toi, acceptant la proposition. Rares étaient les personnes à venir vers moi, et même si je préférais mes livres et ma solitude, pour une fois, je voulais savoir ce que ça faisait de ne plus être seul. J'avançais sans t'attendre vers le terrain, mon livre fermé en main, avant de le poser sur le bord du terrain, avec mon gilet sombre. Puis, je me tournais vers toi et t'attendais sagement. Je remarquais d'ailleurs que nous faisions la même taille, au moins, je n'aurais pas trop de désavantages.

Tu acceptas, je fus surpris, pourtant un simple sourire naquit sur mes lèvres, pas large, juste pour te remercier, ce n'était pas si naturel, pourtant ma fossette creusa ma joue et je finis par te suivre. Le ballon sous le bras, vérifiant l'heure d'un rapide coup d'oeil je fus soulagé, il était encore tôt. Malheureusement pour toi tu n'aurais pas vraiment d'excuse pour partir, et que le saches ou non, une fois que j'avais trouvé un partenaire je me donnais à fond. Dommage pour toi.
Je te lançais le ballon, lui faisant faire un rebond et restant à un bon mètre de toi je fléchissais légèrement les jambes pour être réactif, c'est ce que m'apportais la danse, la réactivité et le saut. Mes yeux ne scrutaient que le ballon, pas ton corps, jamais le corps, le corps peut duper, le ballon va dans la direction dans laquelle on l'envoie.
« Quand vous voulez ! »

Je t'observais avancer, sans te quitter des yeux. Je n'étais pas du genre méfiant, mais je préférais toujours analyser une personne par ses mouvements, car le corps ment rarement. Avec aisance et des gestes aériens, je rattrapais le ballon que tu m'envoyais, le tâtant un peu pour faire connaissance. J'aimais toucher les choses, les matières, les objets, pour apprendre leurs réactions. Même si les touches de mon piano resteraient les seules que j'appréciais caresser pour créer une mélodie.

Je relevais la tête vers toi, te fixant droit dans les yeux en commençant à faire rebondir le ballon sur le sol de goudron, pliant un peu les jambes pour t'imiter. Tu semblais quelqu'un qui s'y connaissait en basket, alors je devais apprendre de ce que toi tu faisais. Puis, après avoir rapidement regarder le terrain et la distance qui me séparait du panier, j'avançais lentement en continuant les rebonds, avant de filer sur ta gauche pour me frayer un chemin et tenter d'atteindre le panier.

J'observais ton corps se mouvait proche du miens, du moins, plus que la distance d'environ cinq mètres que j'infligeais à tout mes camarades, mais le sport est ainsi dans un sens. Collé, surtout lors des matchs de basket, ça me rappelait pourquoi je n'aimais pas ce sport. Pourtant je n'avais perdu aucun de mes réflexes alors à peines tu bougeais le ballons je fus dans un monde différent, biens moins agréable que celui dans lequel je danse mais ça ce n'était pas grave.

Tu bougeas, un rapide sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il bougeait comme en miroir à toi. Il piqua et d'un mouvement expert il te vola la balle, pliant son grand corps pour passer sous ton bras. Comme un canard. Il trottina en faisant les mêmes rebonds jusqu'au demi terrain pour ensuite choisir par quel chemin j'allais passer.