Un sourire. Tu attendais ce moment depuis tellement longtemps, que ce matin, tu t’étais réveillé beaucoup plus tôt que prévu, et tu n’avais pas su quoi faire durant tout ce laps de temps supplémentaire. Tu t’étais préparé rapidement, excité comme un enfant le matin de Noël, et tu avais pu vérifier si toutes tes affaires étaient bien rangées dans leurs cartons respectifs. Tes pères t’avaient prêté leur voiture, puisque tu n’en avais pas toi-même, pour transporter tous ces cartons jusqu’à ton nouvel appartement – ou plutôt, votre nouvel appartement.

Tu ne l’avais rencontré qu’une seule fois, mais cette unique rencontre t’avais permis de te rassurer. L’homme avec qui tu allais désormais partager ton espace vital t’avais semblé être quelqu’un de très bien, et tu avais été soulagé. C’était la première fois que tu t’essayais à la colocation, et tu avais eu peur de tomber sur quelqu’un d’un peu bizarre, voire carrément antipathique.

Tu arrêtas la voiture devant votre logement, et tu jetas immédiatement un coup d’œil à l’heure. Tu avais 5 minutes d’avance. Cela suffisait pour commencer à monter tes cartons en l’attendant. Tu perdis rapidement le compte des minutes en déplaçant tes affaires, mais tu t’étais bien rendu compte d’une chose : il était en retard. Tu espérais qu’il ne lui était rien arrivé de grave, et, en même temps, tu te mis à te poser des questions sur son honnêteté.  

Face à la porte, essoufflé, tu plongeas les mains dans tes poches, puis tu lâchas un juron. Évidemment, tu n’avais pas les clés.

Trois bonnes heures de retard. Ouais là j'avais fait fort mais il fallait me comprendre.. j'avais complètement zappé l'arrivé du dit colloc'. Les mains dans les poches, des lunettes de soleil sur le nez, une demarche de leader j'avançais vers mon appart' d'un pas ferme et décidé. J'étais comme un grand conquérant, même pas honteux d'avoir fait poirauter ce pauvre mec devant chez moi. Il fallait dire que je me prenais au sérieux.. je ne me remettais jamais en question. J'en avais tout bonnement rien à foutre ! Sortant les clés de ma poche avec légèreté, je poussais le brun dans un sourire et ouvrais la porte. " Welcome.. c'est un peu crade alors fais pas gaffe. Tu peux poser tes affaires dans la petite chambre là bas ! " La désignant d'un coup de tête, j'accrochais ma veste en cuir sur le porte manteau, posais mes clés sur le meuble prévu à cet effet et m’étirais simplement au milieu du couloir jonché par les sacs poubelles.

Tu en avais rapidement eu marre d’attendre, alors tu t’étais assis à même le sol. Position complètement inconfortable. Tu l’avais tenu pourtant au moins deux heures, boudant presque, te demandant si il prendrait la peine de venir un jour. Et alors que tu doutais au point de te dire que tu allais partir, tu entendis quelqu’un arriver. Tu sautas sur tes pieds, époussetas tes vêtements et portas ton regard sur l’homme qui marchait vers toi. Veste en cuir, lunettes de soleil, démarche assurée, tout en lui dégageait une certaine aura de puissance et, comment dire, de bad boy. Tu eus du mal à reconnaître l’homme que tu avais rencontré quelques semaines auparavant.
Tu t’approchas de lui, un sourire timide sur les lèvres, et t’apprêtas à lui faire part – gentiment, évidemment – de ton agacement, mais à ce moment, il te poussa sur le côté pour entrer pouvoir dans l’appartement. Il te souhaita rapidement la bienvenue avant de te désigner ta future chambre du menton. Tu restas bouche bée devant ce qu’étais son – désormais votre – appartement. Tout le désordre et la saleté te donnaient la nausée, mais tu n’osas rien dire. Tu pris dans tes bras les quelques cartons que tu parvins à porter pour les apporter dans ta nouvelle chambre. Tu revins immédiatement dans le salon près de ton nouveau colocataire, et lui demanda d’une voix que tu voulais assurée :  « Est-ce que tu as un double des clés ? J’ai pas envie d’être de nouveau coincé à l’extérieur parce que tu n’es pas là. Et, heu, il y a des choses que je dois savoir sur, je ne sais pas, l’immeuble, notre colocation, ce genre de choses… » Bizarrement, tu étais beaucoup moins sûr de toi que tu ne voulais le faire croire.