la journée avait été longue, trop longue. levé depuis quatre heures du matin, mon corps ne supportait plus d'aller à droite puis à gauche, devant puis derrière. je devais rester droit et gracieux et, pour être franc, j'avais énormément de mal à me montrer aussi captivant et doué que d'habitude. je dormais très peu ces derniers temps ; et, ce, parce que je formais un petit d'à peine huit ans. il n'était pas chose aisée d'avoir la forme avec une minuscule dose de sommeil dans les veines et beaucoup trop de crises à calmer. la nouvelle recrue était apeurée et très peu attentive. c'était normal, évidemment, mais cela n’allégeait pas du tout mon programme déjà bien rempli. < t'as terminé ta journée. passe un bon week-end, fais attention à toi. > enfin. j'esquissai un sourire redevable à mon employeur avant de me redresser, m'étirant discrètement. < merci beaucoup, monsieur. > je me baissai en signe de respect puis je filai vers ma chambre, d'un pas assez rapide, pour récupérer mes affaires et quitter l'établissement. je dormais à l'okiya la semaine mais, le samedi et le dimanche, j'avais l'autorisation de le quitter pour suivre mes cours de littérature et crécher à l'appartement. c'était une sorte de prime d’ancienneté, oui. très bon travailleur et personne des plus respectées du coin, bien que je ne sois âgé que de 22 ans, mes chefs me faisaient confiance et savaient pertinemment que de me laisser un peu de temps uniquement pour moi ne causerait aucun souci dans mes autres domaines. à peine arrivé à l'université, avec un peu de retard, je m'empressai de rejoindre la salle de cours où mon nouveau professeur m'attendait. désolé, j'ouvris la porte et ma tête se baissa automatiquement en signe de respect et de gêne. < pardonnez mon retard. > soufflai-je en avançant jusqu'à la table avant de relever mon regard. un étudiant. un jeune étudiant même. un peu surpris, mes sourcils se froncèrent malgré moi.